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LETTRES DE PLINE. LIV. II.

les morts. Considérez, je vous prie, à quel danger, à quelle insolence, et à quels outrages nous sommes exposés ! Il ne faut pas se croire en sureté, parce qu’on est maître indulgent et humain ; car les esclaves n’égorgent point par raison, mais par fureur.

C’en est assez sur ce sujet. N’y a-t-il plus rien de nouveau ? Rien : je ne manquerais pas de vous l’écrire ; j’ai du papier de reste ; j’ai du loisir, et c’est jour de fête. J’ajouterai pourtant ce qui me revient fort à propos du même Macedo. Un jour qu’il se baignait à Rome dans un bain public, il lui arriva une aventure remarquable, et de très-mauvais augure, comme la suite l’a bien prouvé. Un de ses esclaves, pour lui faire faire place, poussa légèrement un chevalier romain ; celui-ci se retournant brusquement, au lieu de s’adresser à l’esclave, frappa si rudement le maître, qu’il pensa le renverser. Ainsi le bain a été funeste à Macedo, et lui a été, en quelque sorte, funeste par degrés : la première fois, il y reçut un affront ; la seconde fois, il y perdit la vie. Adieu.


XV.
Pline à Proculus.

Vous me demandez de lire vos ouvrages dans ma retraite, et de vous dire s’ils sont dignes d’être publiés : vous employez la prière ; vous alléguez des exemples ; vous me conjurez même de dérober à mes études une partie du loisir que je leur destine, et de la consacrer à l’examen de vos travaux : enfin, vous me citez Cicéron,