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LETTRES DE PLINE. LIV. II.

vous la voir remplir vous-même. Je ne crois point qu’il soit raisonnable d’envier à ceux que l’on veut élever aux honneurs, le titre de bienfaiteur, qui seul vaut mieux que tous les honneurs ensemble. Je sais même qu’il est aussi glorieux de répandre les grâces, que de les mériter : vous aurez à la fois cette double gloire, si vous cédez à un autre[1] une dignité, où votre mérite vous avait appelé. Je sens d’ailleurs que ma gloire est intéressée dans le service que je vous rends : on saura, par votre exemple, que mes amis peuvent non-seulement exercer la charge de tribun, mais même la donner. Je vous obéis donc avec plaisir dans une chose si honorable. Heureusement votre nom n’a point encore été porté sur le rôle public : ainsi nous avons la liberté de mettre, à la place, celui de Silvanus. Puisse-t-il être aussi sensible à cette grâce, qu’il reçoit de vous, que vous l’êtes à ce petit service que je vous rends ! Adieu.


IX.
Pline à Minucianus.

Je puis enfin vous faire ici le détail de tous les travaux que m’a coûtés la poursuite judiciaire dont je me suis chargé au nom de la province de Bétique. Cette cause a duré plusieurs audiences, avec des succès fort différens[2]. Pourquoi des succès différens ? pourquoi plusieurs audiences ? je vais vous le dire[3].

Classicus, homme d’une âme basse, et qui faisait le mal sans se cacher, avait gouverné cette province

  1. À un autre. L’édition de Schæfer porte aliis, et j’ai adopté cette leçon.
  2. Cette cause a duré, etc. J’ai rétabli actaque est.
  3. Pourquoi des succès différens ? De Sacy, supprimant le point d’interrogation après unde plures actiones, traduisait : D’où peut venir cette différence ? De la même raison qui a obligé de partager la cause en plusieurs audiences. Le sens que nous avons adopté nous paraît plus naturel et plus conforme aux détails de la lettre.