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LETTRES DE PLINE. LIV. II.

forment-elles point aux études ; et, de l’autre, que ne doit-on pas attendre d’une si constante application ? Aussi, je ne puis m’empêcher de rire quand on parle de mon ardeur pour l’étude, moi qui, comparé à lui, suis le plus paresseux des hommes : cependant je donne à l’étude tout ce que les devoirs publics et ceux de l’amitié me laissent de temps. Eh ! parmi ceux mêmes qui consacrent toute leur vie aux belles-lettres, quel est celui qui pourrait soutenir le parallèle, et qui ne semblerait, auprès de lui, avoir livré tous ses jours au sommeil et à la mollesse ?

Je m’aperçois que mon sujet m’a emporté plus loin que je ne m’étais proposé ; je voulais seulement vous apprendre ce que vous désiriez savoir, quels ouvrages mon oncle a composés. Je m’assure pourtant que ce que je vous ai mandé ne vous fera guère moins de plaisir que les ouvrages mêmes : cela peut non-seulement vous engager encore à les lire, mais même vous enflammer d’une généreuse émulation, et d’un noble désir d’en imiter l’auteur. Adieu.


VI.
Pline à Sévère.

Ces jours passés, j’ai acheté, des deniers d’une succession qui m’est échue, une figure d’airain de Corinthe : elle est petite, mais belle et bien travaillée, au moins suivant mes lumières, qui ne vont loin en aucune matière, mais en celle-ci moins qu’en toute autre. Je crois pourtant pouvoir juger de l’excellence de cette statue : comme elle est nue, elle ne cache point ses défauts, et nous étale toutes ses beautés. C’est un vieillard debout :