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iv
EXTRAIT DE L’ÉLOGE

en beau dans la copie, précisément parce que le peintre n’a pas trop cherché les agrémens de l’attitude et l’éclat du coloris.

Aussi cette traduction eut-elle le plus grand succès, et le plus agréable pour l’auteur : elle lui mérita, dans l’Académie française, une place que le public rendit encore plus flatteuse, en confirmant le choix de l’Académie par son suffrage. L’un et l’autre jugèrent, avec raison, qu’un écrivain utile, instruit et de bon goût, était plus fait pour les honneurs académiques, que des rivaux à petits talens et à grandes prétentions, dont l’orgueilleuse médiocrité ne manqua pas, suivant son usage, de crier à l’injustice, et de s’exhaler en plaintes que personne ne daigna partager…

Encouragé par les suffrages du public et de l’Académie, M. De Sacy voulut témoigner sa reconnaissance à Pline le Jeune, dont les lettres venaient d’assurer la fortune littéraire de son traducteur. Il donna, quelques années après, la version du Panégyrique de Trajan, par le même écrivain. Ce discours, dont on n’avait que des traductions très-médiocres, en méritait une meilleure, au moins par l’avantage unique qui le distingue, d’être le seul panégyrique de prince qui soit resté après la mort du prince et de l’orateur. Le monarque était si digne d’être célébré, que, malgré le dégoût naturel des lecteurs pour un volume de louanges, et de louanges données en face à un souverain, les vertus de Trajan ont servi auprès de la postérité de passe-port à son éloge ; et l’écrivain, contre l’ordinaire, doit ici bien plus au prince, que le prince ne doit à l’écrivain. La traduction