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LETTRES DE PLINE. LIV. II.

puisse faire son profit ; il n’apprendra rien de lui, qu’il eût été mieux d’ignorer. Genitor n’aura pas moins de soin, que vous et moi, de rappeler sans cesse devant ses yeux l’image de ses ancêtres, et de lui faire sentir les obligations que leurs grands noms lui imposent. N’hésitez donc pas à le mettre entre les mains d’un précepteur, qui le formera d’abord aux bonnes mœurs, et ensuite au talent de l’éloquence, où l’on n’excelle jamais sans les bonnes mœurs[1]. Adieu.


IV.
Pline à Macrin.

Quoique ceux de mes amis qui se sont trouvés ici, et le public même, semblent avoir approuvé ma conduite, dans la conjoncture dont je vais vous parler, je serai pourtant fort aise de savoir encore ce que vous en pensez. Comme j’eusse voulu régler par votre avis les démarches que j’avais à faire, je désire vivement d’apprendre votre jugement sur les démarches que j’ai faites.

Après avoir obtenu un congé, sans lequel ma charge de préfet du trésor[2] ne me permettait pas de quitter Rome, j’étais allé en Toscane, pour faire élever à mes frais, un monument public[3]. Pendant mon absence, les députés de la Bétique vinrent supplier le sénat de vouloir bien me nommer leur avocat, dans l’accusation qu’ils allaient intenter contre Cecilius Classicus, leur dernier proconsul. Mes collègues dans la charge de préfet du trésor, par un excès de bonté et d’amitié pour moi, re-

  1. Où l’on n’excelle jamais, etc. Pline semble faire allusion à cette définition de l’orateur : Orator est vir bonus dicendi peritus.
  2. Préfet du trésor. C’est ce que De Sacy appelle un intendant des finances.
  3. Un monument public. Ce monument public était un temple que Pline fit élever dans la ville de Tiferne, sur le Tibre, aujourd’hui nommée Citta di Castello. (Voyez liv. iv, 1.)