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LETTRES DE PLINE. LIV. II.

lité, dans de la vaisselle d’argent sans ciselure et d’une simplicité antique[1]. Il emploie aussi des vases de Corinthe, qu’il aime beaucoup, mais sans y attacher trop de prix. Souvent le repas est égayé par des comédiens, afin d’associer les arts aux plaisirs. La nuit, même en été, le trouve encore à table ; et on ne s’aperçoit pas d’y avoir trop demeuré, tant sa conversation a de charme ! Par là, il s’est conservé, à soixante et dix-sept ans passés, le plein usage de la vue et de l’ouïe, l’activité et la vivacité du corps : il n’a de la vieillesse que la prudence. Je souhaite une pareille vie, je la goûte déjà par avance, bien résolu de l’embrasser, dès que l’âge m’aura permis de sonner la retraite. Cependant mille travaux m’accablent ; mais l’exemple de Spurinna me soutient et me console. Car lui aussi, tant que l’honneur l’a commandé, il a rempli des charges publiques, occupé des places, gouverné des provinces, et il a acheté par de longues fatigues le repos dont il jouit. Je me propose donc la même carrière et le même but : j’en prends aujourd’hui l’engagement devant vous. Si vous voyez que jamais je m’emporte plus loin, citez-moi devant les juges, en vertu de cette lettre, et faites-moi condamner au repos, quand je n’aurai plus à craindre le reproche de paresse. Adieu.


II.
Pline à Maxime.

Je crois être en droit de vous demander, pour mes amis, ce que je vous offrirais pour les vôtres, si j’étais à

  1. Sans ciselure, etc. C’est le sens de puro. Cicéron (Verrines, iv, 23) : Quæ probarent, iis crustæ aut emblemata detrahuntur. Sic Haluntini, excussis deliciis, cum argento puro domum reverterunt. Vitruve (vii, 3) : Coronarum aliæ sunt puræ, aliæ cœlatæ ; Juvénal (ix, 141) : Argenti vascula puri. De Sacy a traduit à tort par vaisselle d’argent propre.