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LETTRES

DE PLINE LE JEUNE.
LIVRE TROISIÈME.

I.
Pline à Calvisius.

Je ne crois pas avoir jamais passé le temps d’une manière plus agréable, que dernièrement chez Spurinna. II m’a tellement charmé, que, s’il m’est donné de vieillir, je ne sache personne à qui je voulusse davantage ressembler dans ma vieillesse. Rien n’est mieux entendu que son genre de vie ; et j’aime l’arrangement dans la vie des hommes, surtout dans celle des vieillards, comme j’aime le cours réglé des astres. S’il y a une sorte d’agitation et de désordre, qui ne sied pas mal aux jeunes gens, rien aussi ne convient mieux aux gens avancés en âge que l’ordre et la tranquillité : pour eux, l’ambition est honteuse et le travail hors de saison. Spurinna suit religieusement cette règle. Il renferme même, comme dans un cercle, les petits devoirs qu’il s’impose ; petits, si la régularité qui les rappelle chaque jour ne leur donnait du prix.

Le matin, il se recueille quelque temps dans son lit ; à la seconde heure, il s’habille, fait trois milles à pied[1].

  1. À la seconde heure, etc. De Sacy avait donné une tournure moderne et française à tous ces détails : À huit heures, il s’habille, fait une lieue à pied, etc.