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LETTRES DE PLINE. LIV. II.

et que vous pouvez l’admettre dans votre familiarité même la plus intime, que je vous ai tracé en peu de mots ses inclinations, son esprit, ses mœurs et sa vie tout entière. Je renouvellerais encore ici mes recommandations, si je ne savais que vous n’aimez pas à vous faire prier long-temps, et que je n’ai pas fait autre chose dans toute cette lettre. Car c’est prier, et prier très-efficacement, que de faire sentir la justice de ses prières. Adieu.



XIV.
Pline à Maxime.

Vous l’avez deviné ; je commence à me lasser des causes que je plaide devant les centumvirs : la peine passe le plaisir. La plupart sont peu importantes. Rarement s’en présente-t-il une qui, par la qualité des personnes, ou par l’importance du sujet, attire l’attention. D’ailleurs, il s’y trouve un très-petit nombre de dignes adversaires : le reste n’est qu’un amas de gens, dont l’audace fait tout le mérite, ou d’écoliers sans talens et sans nom. Ils ne viennent là que pour déclamer, mais avec si peu de respect et de retenue, que j’applaudis fort au mot de notre Attilius : Les enfans, disait-il, commencent au barreau par plaider devant les centumvirs, comme aux écoles, par lire Homère. En effet, au barreau comme aux écoles, on commence par ce qu’il y a de plus difficile.

Autrefois, des vieillards me l’ont souvent dit[1], les jeunes gens, même de la plus haute naissance, n’étaient

  1. Des vieillards me l’ont souvent dit. « Je hasarde ici, dit De Sacy dans une note, la correction d’un mot du texte qui me paraît altéré. Je lis istas solebam dicere, qui fait un sens parfait, au lieu de ista qui le gâte. » Je trouve dans toutes les bonnes éditions ita solebam dicere, qui vaut au moins la correction de De Sacy, hasardée sans autorité.