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LETTRES DE PLINE. LIV. II.

cette entreprise, et pour la pouvoir soutenir : mais croyez-vous qu’il y ait beaucoup de sagesse à se promettre des autres ce que l’on se refuse à soi-même ? Ne parlons plus de publier vos vers ; ce sera quand il vous plaira : au moins récitez-les, pour vous inspirer l’envie de les publier, et donnez-vous enfin la satisfaction que je goûte par avance pour vous depuis si long-temps. Je me représente déjà cette foule d’auditeurs, ces transports d’admiration, ces applaudissemens, ce silence même, qui, lorsque je plaide ou que je lis mes ouvrages, n’a guère moins de charmes pour moi que les applaudissemens, s’il est animé par l’attention et par l’impatience d’entendre ce qui va suivre. Ne dérobez donc plus à vos veilles, par d’éternels délais, une récompense si belle et si certaine. À différer plus long-temps, vous ne gagnerez rien que le nom d’indifférent, de paresseux, et peut-être de timide. Adieu.


XI.
Pline à Arrien.

Je sais quelle satisfaction vous éprouvez, quand notre sénat s’honore par un acte vraiment digne de son auguste caractère. L’amour du repos, qui vous éloigne des affaires, ne bannit pas de votre cœur la passion que vous avez pour la gloire de l’empire. Apprenez donc ce qui vient d’arriver ces jours derniers. C’est un événement fameux par le rang de la personne, salutaire par la sévérité de l’exemple, mémorable à jamais par son importance,