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INTRODUCTION.

abondant et plus soutenu, offrait, avec les mêmes difficultés, des difficultés nouvelles, que l’écrivain français a rarement surmontées : il imite la longueur des phrases latines, sans en reproduire la noblesse et l’harmonie. Les Lettres, au contraire, parmi les défauts qu’on leur impute avec raison, ont conservé cependant les traits principaux du genre épistolaire, et particulièrement ce style coupé, vif et rapide, qui s’accorde si bien avec les allures de notre langue. Aussi la traduction que De Sacy nous en a laissée, facile, coulante, agréable, a-t-elle été regardée dans tous les temps comme une des plus heureuses copies des modèles antiques.

Toutefois, entre les qualités qui ont assuré à cette traduction un rang si distingué, on n’a jamais compté la fidélité et la précision. Les contresens y étaient assez nombreux ; et plus d’un tour languissant, plus d’une phrase chargée de pronoms relatifs, et de ces signes de liaison qui ne conviennent qu’au génie des langues anciennes, trompaient les intentions de l’auteur et introduisaient trop souvent dans son style la lourdeur et la mollesse, au lieu des grâces naturelles qu’il croyait lui donner. Par un autre défaut, plus vivement senti de nos jours qu’au temps où De Sacy écrivait, il prêtait constamment aux idées anciennes la couleur et le ton de notre langage moderne. Les choses relatives aux institutions, aux coutumes, aux formes de la société romaine, perdaient leurs noms primitifs et réels, pour en prendre d’impropres et de bizarres, puisés dans les usages, dans les habitudes de notre civi-