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LETTRES DE PLINE. LIV. I.
XXI.
Pline à Paternus.

Je ne me fie pas moins à vos yeux qu’à votre discernement. Non que je vous croie fort habile (car il ne faut pas vous donner de vanité) ; mais je crois que vous l’êtes autant que moi ; c’est encore beaucoup dire. Raillerie à part, les esclaves que vous m’avez fait acheter me paraissent d’assez bonne mine. Reste à savoir s’ils sont de bonnes mœurs ; et, sur ce point, il vaut mieux s’en rapporter à leur réputation qu’à leur physionomie. Adieu.


XXII.
Pline à Catilius Severus[1].

Une circonstance douloureuse me retient depuis longtemps à Rome. Je ne puis voir sans inquiétude la longue et opiniâtre maladie de Titus Ariston, pour qui j’ai une admiration et une tendresse singulières. Rien n’égale sa prudence, son intégrité, son savoir ; et il me semble voir les sciences et les lettres prêtes à succomber avec lui. Il est également versé dans le droit public et dans le droit particulier. L’antiquité n’a point de maxime, d’exemple, de fait qu’il ignore. Tout ce que vous désirez savoir, il peut vous l’apprendre. C’est pour moi un trésor, où je trouve toujours les connaissances qui me manquent. Quelle confiance, quel respect ses paroles ne doivent-elles pas inspirer ! Que sa lenteur à décider une question est

  1. Catilius Severus. C’est sans doute Catilius de Vérone, dont Pline parle plusieurs fois dans ses lettres : on voit par la lettre 27e du livre vi, qu’il parvint au consulat.