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LETTRES DE PLINE. LIV. I.

Que ces lettres soient de sa femme, comme il l’assure, ou qu’elles soient de lui, ce qu’il n’avoue pas, il mérite les mêmes éloges, ou pour les avoir écrites, ou pour avoir donné à sa femme, qu’il épousa si jeune, le talent de les écrire. Je ne le quitte donc plus : je le lis à toute heure, avant de prendre la plume, quand je la quitte, quand je me délasse ; et je crois, en vérité, le lire toujours pour la première fois. Je ne puis trop vous engager à m’imiter. Faut-il le dédaigner, parce qu’il est votre contemporain ? Quoi ! s’il avait vécu parmi des gens que nous n’eussions jamais vus, nous courrions après ses livres, nous rechercherions jusqu’à ses portraits ; et, quand nous l’avons au milieu de nous, nous serons dégoûtés de son mérite par la facilité même d’en jouir ! Rien de plus étrange, à mon gré, rien de plus injuste, que de refuser son admiration à un homme vraiment digne d’être admiré, et cela, parce qu’il est permis, non-seulement de le louer, mais de le voir, de lui parler, de l’entendre, de l’embrasser, de l’aimer. Adieu.


XVII.
Pline à Cornelius Titianus.

Il reste encore de la fidélité et de l’honneur parmi les hommes ; on en voit dont l’amitié survit à leurs amis. Titinius Capiton vient d’obtenir de l’empereur[1] la permission d’élever une statue, sur la place publique, à Lucius Silanus. Qu’il est glorieux d’employer sa faveur à cet usage ; et d’essayer son crédit à illustrer la vertu des autres ! Capiton s’est fait une habitude d’honorer les

  1. Vient d’obtenir de l’empereur. Caligula avait défendu d’élever des statues à un particulier, sans la permission de l’empereur. Cette loi fut maintenue même sous Trajan.