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LETTRES DE PLINE. LIV. I.

modèle. Il a un oncle que l’on nomme P. Acilius. C’est un homme d’une sagesse, d’une prudence, d’une intégrité singulière. En un mot, vous ne trouverez, dans toute cette famille, rien qui ne vous plaise autant que dans la vôtre. Revenons à Minucius Acilianus. Modeste autant qu’on le peut être, il n’en a ni moins de courage, ni moins de capacité. Il a exercé avec honneur les charges de questeur, de tribun, de préteur ; et il vous a épargné ainsi d’avance la peine de les briguer pour lui. Sa physionomie est heureuse ; son teint est animé et ses couleurs vives. Il est bien fait : il a l’air noble, et presque la dignité d’un sénateur. Ces avantages, selon moi, ne sont point à négliger : c’est, en quelque sorte, une récompense que l’on doit aux mœurs innocentes d’une jeune personne. Je ne sais si je dois ajouter, que le père est fort riche. Quand je me représente le caractère de ceux qui veulent un gendre de ma main, je n’ose parler de ses biens ; mais ils ne me semblent pas à mépriser, quand je consulte l’usage établi, et même nos lois, qui mesurent les hommes surtout à leurs revenus. Franchement, on ne peut jeter les yeux sur les suites du mariage, sans mettre les biens au nombre des choses nécessaires pour en assurer le bonheur. Vous croyez peut-être que mon amitié s’est plu à exagérer le mérite d’Acilianus : ne vous fiez jamais à moi, s’il ne tient plus que je n’ai promis. Je vous avoue que j’aime ce jeune homme comme il le mérite, c’est-à-dire, de tout mon cœur. Mais, selon moi, le meilleur office que l’on puisse rendre à un ami, c’est de ne pas lui donner plus de louanges qu’il n’en peut porter. Adieu.