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polie; à l’entrée de celui d’Égypte, ce qui me surprend, les colonnes sont en marbre de Paros, dans le reste en marbre syénite. La construction est si solide, qu’elle défie l’action des siècles, même aidée des Héracléopotitains, qui ont singulièrement ravagé cet ouvrage détesté. En détailler la position et les diverses parties est impossible. En effet, il est partagé en régions et en préfectures qu’on appelle nomes. Ces nomes sont au nombre de seize, et autant de vastes palais y sont attribués. En outre, il renferme des temples de tous les dieux de l’Égypte, quinze chapelles de Némésis, plusieurs pyramides de quarante coudées, dont la base occupe six aroures.

4 Déjà fatigué de marcher, le visiteur arrive à l’inextricable entrecroisement des routes. On trouve des salles sur des montées, des portiques d’où l’on descend par quatre-vingt-dix degrés ; au dedans. des colonnes de porphyre, des figures de dieux, des images de rois, des effigies monstrueuses. Quelques-uns des palais sont tellement disposés, qu’au moment où l’on en ouvre les portes, un bruit terrible de tonnerre éclate à l’intérieur.

5 La majeure partie de ces édifices se traverse dans les ténèbres. En dehors du mur des labyrinthes, s’élèvent d’autres masses d’édifices qu’on nomme ptéron. Puis encore sont des demeures souterraines où l’on arrive par des galeries. Un seul personnage a fait à ce labyrinthe quelques réparations, c’est Circummon, eunuque du roi Necthebis, cinq cents ans avant Alexandre le Grand. On dit aussi que, tandis que les voûtes en pierres carrées s’élevaient, il les faisait soutenir par des poutres d’épine (XXIV, 65 ) bouillies dans de l’huile. En voilà assez sur les labyrinthes d’Égypte et de Crète.

6 Celui de Lemnos est semblable ; seulement il est plus remarquable, à cause de ses cent cinquante colonnes, dont les fûts dans l’atelier étaient si parfaitement suspendus, qu’un enfant suffisait pour faire aller le tour où on les travaillait. Il a été construit par les architectes Smilis, Rhoecus et Théodore. Il en subsiste encore aujourd’hui des restes, misérables il est vrai : mais ceux de Crète et d’Italie ont complètement disparu.

7 Quant à ce dernier, que Porsenna, roi d’Étrurie, s’était fait construire pour lui servir de tombeau, il convient d’en parler. On verra que la vanité des rois étrangers est surpassée par cela des rois d’Italie. Mais comme l’invraisemblance passe toutes les bornes, nous emprunterons, pour le décrire, les paroles mêmes de M. Varron : "Porsenna, dit-il, fut enseveli au-dessous de la ville de Clusium, dans le lieu où il avait fait construire un monument carré en pierres carrées. Chaque face est longue de trois cents pieds, haute de cinquante. La base, qui est carrée, renferme un labyrinthe inextricable. Si quelqu’un s’y engageait sans un peloton de fil, il ne pourrait retrouver l’issue.

8 Au-dessus de ce carré sont cinq pyramides, quatre aux angles, une au milieu, larges à leur base de soixante-quinze pieds, hautes de cent cinquante ; tellement coniques qu’à leur sommet toutes portent un globe d’airain, et un chapeau unique auquel sont suspendues, par des chaînes, des sonnettes qui, agitées par le vent, rendent un son prolongé, comme jadis à Dodone.

9 Au-dessus du globe sont quatre autres pyramides, hautes chacune de cent pieds." Par-dessus ces dernières pyramides