tagne, et l’artiste reçut en don cinquante talents. Cet obélisque fut placé par le roi susdit dans l’Arsinoëum, en témoignage de son amour pour sa femme Arsinoé, qui était aussi sa sœur. Plus tard, comme il gênait le port, Maxime, préfet d’Égypte, le fit transporter sur la place publique, après en avoir retranché le sommet, voulant y substituer un faîte doré, intention qui resta sans effet.
8 Il y a encore à Alexandrie, près du port, dans le temple de César, deux obélisques de quarante-deux coudées, taillés par le roi Mesphrès. L’entreprise la plus difficile, ce fut de faire venir des obélisques à Rome. Les vaisseaux qu’on y employa ont eux-mêmes excité l’admiration. Le dieu Auguste avait consacré à perpétuité, à Pouzzoles, dans le port, comme un monument merveilleux, le vaisseau qui apporta le premier obélisque ; mais ce vaisseau fut détruit par un incendie.
9 Quant à celui que l’empereur Caligula avait employé pour transporter l’autre obélisque, il fut conservé pendant quelques années, c’était le bâtiment le plus merveilleux qu’on ait jamais vu en mer : le dieu Claude le fit venir à Ostie après avoir élevé dessus des tours en terre de Pouzzoles (XXXV, 47), et le coula dans l’intérêt du port qu’il construisait. Puis il fallut faire d’autres bâtiments pour conduire l’obélisque par le Tibre, ce qui donna lieu de connaître que ce fleuve n’a pas moins d’eau que le Nil.
10 L’obélisque dressé par le dieu Auguste dans le grand Cirque avait été taillé par le roi Semenpsertée, sous le règne duquel Pythagore voyagea en Égypte : il a quatre-vingt-cinq pieds et neuf pouces, non compris la base, qui est de la même pierre. Celui qu’il a mis dans le champ de Mars a neuf pieds de moins ; il a été taillé sous Sésostris. Tous deux, chargés d’inscriptions, contiennent l’interprétation des choses de la nature selon la philosophie des Égyptiens.
XV
X.
De celui qui est dans le champ de Mars le dieu Auguste fit une admirable application : pour marquer l’ombre projetée par le soleil, et reconnaître ainsi les longueurs des jours et des nuits, on étendit un lit de pierre dans un tel rapport avec l’obélisque, que l’ombre fût égale à ce lit le jour du solstice d’hiver, à midi ; puis, pour chaque jour, l’ombre subissait des décroissements et, plus tard, des accroissements correspondants à des règles d’airain incrustées dans la pierre : construction mémorable, et digne du génie fécond du mathématicien Novus.
2 Celui-ci plaça au haut de l’obélisque une boule dorée dont l’ombre se ramassait sur elle-même, au lieu que l’ombre projetée par la pointe même s’étendait énormément : on dit que ce procédé lui fut suggéré par l’aspect de la tête humaine. Au reste, depuis trente ans environ, les observations ont cessé d’être justes ; soit que le soleil lui-même ait changé son cours par quelque dérangement survenu dans le ciel ; soit que la terre entière ait été un peu déplacée de son centre, comme j’entends dire qu’on l’a remarqué aussi en d’autres lieux ; soit que des tremblements de terre bornés à Rome aient fait fléchir le gnomon ; soit que les inondations du Tibre aient fait tasser les fondements de l’obélisque, quoiqu’on prétende que ces fondements sont aussi profonds que l’aiguille est haute.
XI.
Le troisième obélisque à Rome [celui de Caligula] est au Vatican, dans le cirque de Caligula et de Néron. C’est le seul qui ait été fracturé quand on le dressa ; il a été fait par Nuncorée,