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sulats de ces deux personnages se place, je pense, le théâtre de M. Scaurus avec ses murailles de marbre. Je ne saurais dire si elles étaient en marbre plaqué ou en marbre massif et poli, comme est aujourd’hui le temple de Jupiter Tonnant dans le Capitole ; car je ne trouve jusqu’alors aucune trace de marbre plaqué en Italie.

IX

1 Mais, quel que soit l’inventeur de l’art de scier le marbre et de multiplier ainsi le luxe, il fut ingénieux inopportunément. Le sciage se fait par le sable, et paraît se faire par le fer : la scie ne fait que presser le sable dans un sillon très fin, et c’est en le promenant dans ce sillon qu’elle coupe. Le sable d’Éthiopie est le plus recherché pour cette opération : car, grief de sur-croit, il faut aller chercher en Éthiopie de quoi tailler un marbre, que dis-je ? jusque dans l’Inde, où la sévérité des anciennes mœurs trouvait indigne d’aller chercher même les perles.

2 Ce sable de l’Inde est au second rang ; l’autre est plus doux ; il fait la tranche sans rien de raboteux, au lieu que le sable indien donne une tranche moins unie : mais on recommande aux polisseurs de frotter le marbre avec ce dernier sable cal-ciné. Le sable de Naxos a le même défaut, ainsi que le sable de Coptos, dit sable d’Égypte. Tels furent les sables que les anciens employèrent à scier le marbre. Depuis on a trouvé un sable non maltes bon dans un bas-fond de la mer Adriatique, qui est à sec à marée basse seulement ; ce qui l’a rendu difficile à découvrir.

3 Au reste, la fraude des ouvriers s’est enhardie à scier avec toutes sortes de sable de rivière indifféremment. Très peu de propriétaires reconnaissent le tort qu’on leur fait ainsi. En effet, un sable plus gras fait un trait plus large, détruit plus de marbre et laisse plus de travail à faire au polissage, qui de la sorte fait perdre aux feuilles de leur épaisseur. On donne le dernier poli avec le sable thébaïque, et avec un sable fait de la pierre poreuse ou de la pierre ponce.

X

VII.
Pour polir les statues de marbre ainsi que pour tailler et user les pierres précieuses on a longtemps donné la préférence à la pierre naxlenne : on appelle ainsi une pierre à aiguiser qu’on trouve dans l’île de Chypre ; depuis, la vogue a passé aux pierres à aiguiser qui viennent d’Arménie.

XI

1 Les marbres sont trop connus pour qu’il importe d’en énumérer les variétés et les couleurs, et trop nombreux pour que cela soit facile. Quel est le lieu, en effet, qui n’ait pas son marbre particulier ? Au reste, nous avons indiqué les variétés les plus célèbres dans nos livres géographiques. Tous pourtant ne se forment pas dans les carrières ; plusieurs sont épars aussi à la surface du sol, et quelques-uns même des plus précieux, comme le marbre lacédémonien vert, le plus gai de tous, comme aussi l’augustéen et ensuite le tibérien trouvés pour la première fois en Égypte, sous les règnes d’Auguste et de Tibère. Ces deux marbres différent de l’ophite en ce que l’ophite a des taches semblables à celles des serpents, d’où lui vient le nom qu’il porte, et différent entre eux en ce qu’ils ont les taches disposées différemment, l’augustéen les ayant ondoyantes et en boucles, le tibérien les ayant blanches, disséminées, et non disposées en boucles.

2 On n’a en ophite que des colonnes extrêmement petites. Il y en a deux variétés, l’une blanche et tendre, l’autre dure et tirant sur le noir. On dit que, portées en amulette, toutes deux guérissent les