qui ferait en terre le vase le plus mince. Les vases de Cos sont les plus beaux, ceux d’Adria les plus solides. Il y a eu à propos de ces vases quelques exemples de sévérité : nous lisons que Q. Coponius fut condamné pour brigue, parce qu’il avait gratifié d’une amphore à vin celui qui avait droit de porter le suffrage. Faisons intervenir le luxe même pour accorder quelque autorité à la poterie : le tripatinum159 était, d’après Fénestella, le plus haut degré du faste en fait de festins ; or, ce tripatinum consistait en un plat de murènes, un plat de poissons appelés loups (bars), et un plat de poissons appelés myxons (XXXII, 25) ; les mœurs penchant déjà vers leur déclin, préférables cependant encore à celles des philosophes de la Grèce.
4 En effet, on rapporte que les héritiers d’Aristote vendirent à l’encan soixante-dix plats. J’ai dit160, en parlant des oiseaux (X, 72) qu’un seul plat de l’acteur tragique Ésope lui fut vendu 100,000 sesterces (21,000 fr.) : je ne doute pas que le lecteur ne soit indigné à ce récit, mais c’était peu de choses. Vitellius, empereur, fit faire, au prix d’un million de sesterces, un plat pour lequel il avait fait construire un four en rase campagne : ainsi donc le luxe en vint à cet excès, de payer plus cher un vase de terre qu’un vase murrhin. C’est à cause de ce plat que Mucianus, consul pour la seconde fois, reprocha dans un discours accusateur, à la mémoire de Vitellius, ces espèces d’étangs, plats non moins détestables que le plat empoisonné d’Asprénas, qui, selon l’accusation de Cassius Sévérus, donna la mort à cent trente personnes (XXIII, 47).
5 Ces ouvrages procurent de la célébrité à des villes aussi, par exemple Rhégium et Cumes. Les prêtres de la Mère des dieux, qu’on nomme Galles, se rendent eunuques avec un tesson de terre de Samos : autrement ils mourraient des suites de l’opération, si nous en croyons M. Cælius, qui ajoute qu’il faudrait avec de tels tessons couper la langue à certains impudiques : reproche sanglant qui semblait d’avance s’appliquer à ce même Vitellius. Que n’a pas imaginé l’industrie ? On utilise les pots cassés, de telle façon que, pilés et avec addition de chaux, ils deviennent plus solides et plus durables, sorte d’ouvrages dits de Signia ; on a même appliqué cette préparation au carrelage des appartements.
XLVII
(XIII.)
1 Mais la terre fournit encore d’autres ressources. Qui, en effet, ne serait émerveillé de voir la partie la plus vile de la terre, celle que pour cela on appelle poussière sur les collines de Pouzzoles, être opposée aux flots de la mer, et, aussitôt après l’immersion, devenir une seule et même pierre inattaquable aux eaux, et durcissant de jour en jour, surtout si on y mêle du ciment de Cumes ?
2 Une terre de semblable propriété se trouve dans le territoire de Cyzique ; là c’est non pas une poussière, mais la terre même, que l’on coupe par blocs de toutes grosseurs : plongée dans la mer, on l’en retire ayant la dureté de la pierre. Même chose se voit, dit-on, aux environs de Cassandrie ; et dans la fontaine de Cnide, qui est douce, la terre se pétrifie en huit mois. D’Orope jusqu’à Aulis, toute terre que la mer atteint se convertit en roche. Le sable le plus fin du Nil ne diffère pas beaucoup de la poussière pouzzolane. On s’en sert, non pour résister à la mer et briser le choc des flots, mais pour dompter le corps par les exercices de la palestre. C’est du moins pour cela que Patrobius, affranchi de l’empereur Néron, en faisait venir. De plus, je trouve que Léonnatus, Cratère