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tant de progrès, qu’il a eu à son tour un élève célèbre, Pasias, frère du statuaire Éginète. Mais ce qui est surtout curieux et digne de remarque, c’est qu’on admire plus que les productions terminées les derniers morceaux des artistes, ceux même qu’ils ont laissés imparfaits, comme l’Iris d’Aristide, les Tyndarides de Nicomaque, la Médée de Timomaque, et ce tableau d’Apelle dont nous avons déjà parlé, la Vénus. En effet, on y considère l’esquisse laissée et les pensées même de l’artiste ; une certaine douleur intervient pour faire priser davantage le travail, et on regrette la main arrêtée par la mort dans l’exécution.

21 Il est encore des artistes qui, bien que loin d’être sans renom, ne peuvent cependant être nommés qu’en passant : Aristocydes139, Anaxandre, Aristobule le Syrien ; Arcésilaüs, fils de Tisicrate (XXXIV, 19, 18 et 39); Corybas, élève de Nicomaque ; Charmantidès140, élève d’Euphranor ; Dionysodorus141, Colophonien, Diogènes142, qui vécut avec le roi Démétrius ; Euthymidès, Héraclide Macédonien, Milon143 de Soles, élève du statuaire Phyromaque140 ; Mnésithée, Sicyonien ; Mnasitimus, fils et élève d’Aristonidas (XXXIV, 40) ; Nessus, fils d’Habron (XXXV, 36, 30 ; XXXV, 40, 16) ; Polémon Alexandrin, Théodore Samien et Stadiée, ces deux derniers élèves de Nicosthène ; Xénon, Sicyonien, élève de Néoclès.

22 Des femmes aussi ont peint : Timarète, fille de Micon, a fait une Diane qui est à Éphèse, et qui appartient aux plus anciens monuments de la peinture ; Irène, fille et élève du peintre Cratinus, une jeune fille qui est a Éleusis, Calypso, un vieillard, et le charlatan Théodore ; Alcisthène, un danseur ; Aristarète, fille et élève de Néarque, Esculape. Lala145 de Cyzique, qui resta toujours fille, travailla à Rome, du temps de la jeunesse de M. Varron, tant au pinceau que sur l’ivoire au poinçon ; elle fit surtout des portraits de femme : on a d’elle, à Naples, une vieille dans un grand tableau ; elle fit aussi son propre portrait au miroir. 23 Personne en peinture n’eut la main plus prompte, avec tant d’habileté toutefois, que ses ouvrages se vendaient beaucoup plus cher que ceux des deux plus habiles peintres de portraits de son temps, Sopolis146 et Dionysius, dont les tableaux remplissent les galeries. Une certaine Olympias peignit aussi : on ne sait d’elle autre chose, sinon qu’elle eut Autobulus comme élève.

XLI

1 Il est certain qu’il y avait anciennement deux manières de peindre à l’encaustique (XXXV, 39), savoir, avec la cire, et sur l’ivoire avec le cestre ou poinçon. Elles furent les seules jusqu’à ce que l’on eût commencé à peindre les vaisseaux ; alors fut ajoutée la troisième manière, que voici : on fond les cires au feu, et on emploie le pinceau, sorte de peinture qui, dans les vaisseaux, ne s’altère ni par le soleil, ni par l’eau salée, ni par les vents.

XLII

1 En Égypte on teint les étoffes par un procédé fort singulier. Blanches d’abord, on les foule, puis on les enduit non de couleurs, mais de mordants, qui ainsi appliqués n’apparaissent pas sur les étoffes ; alors on plonge celles-ci dans une chaudière de teinture bouillante, et on les retire un instant après entièrement teintes : ce qu’il y a de merveilleux, c’est que, n’y ayant qu’une seule couleur dans la chaudière, l’étoffe qui en sort est de différentes couleurs, suivant la nature des mordants ; et les couleurs ne peuvent plus être enlevées par le lavage. Ainsi la chau-