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marquer mieux la sécurité dont il jouissait alors, il mit une flûte à la main. Il a peint aussi une Cydippe, un Tlépolème, le poëte tragique Philiscus en méditation, un athlète, le roi Antigone, la mère104 d’Aristote. Ce philosophe lui conseillait de peindre les actions d’Alexandre le Grand, à cause de la mémoire éternelle qui leur était réservée. L’impulsion de son génie, et un certain caprice d’artiste, le portèrent de préférence aux sujets dont je viens de parler. Ses derniers ouvrages furent un Alexandre et le dieu Pan. Il a fait aussi des figures de bronze, comme nous l’avons dit (XXXIV, 19, 40).

43 De même temps vivait Asclépiodore, admiré d’Apelle pour les proportions. Le tyran Mnason lui donna pour les douze dieux 30 mines par dieu. Ce même Mnason paya à Théomneste 20 mines (1,380 fr)105 par figure de héros.

44 Nous devons ici une place à Nicomaque, fils et élève d’Aristodème. Il a peint l’enlèvement de Proserpine, tableau qui était au Capitole, dans le temple de Minerve, au-dessus de la chapelle de la Jeunesse. Un autre tableau106 de lui se voyait également au Capitole, où Plancus (XIII, 5) imperator l’avait placé : c’était une Victoire s’élevant dans les airs sur un quadrige. C’est lui qui le premier donna à Ulysse un bonnet. Il a fait aussi Apollon et Diane, la Mère des dieux (II, 6, 7) assise sur un lion, le célèbre tableau des Bacchantes près desquelles se glissent107 des Satyres, une Scylla qui est maintenant à Rome, dans le temple de la Paix. Nul artiste ne travailla avec plus de célérité. 45 On dit, en effet, qu’il avait passé un marché avec Aristrate, tyran de Sicyone, pour peindre dans un délai déterminé le monument qu’Aristrate élevait au poëte Télestès : il n’arriva que peu de jours avant le terme ; le tyran, irrité, voulait le faire punir ; mais dans ce peu de jours Nicomaque eut achevé son travail avec autant de succès que de promptitude. Il eut pour élèves son frère Aristide, son fils Aristoclès, et Philoxène d’Érétrie, qui a peint pour le roi Cassandre un tableau représentant une bataille d’Alexandre et de Darius, ouvrage qui ne le cède à aucun autre. Philoxène a peint aussi une bambochade dans laquelle trois Silènes font la débauche à table. Imitant la célérité de son maître, il inventa même un certain genre de peintures plus courtes et ramassées (des grotesques)108.

46 On joint à ces artistes Nicophane, peintre élégant et soigné : peu lui sont comparables pour l’agrément ; mais pour le style noble et sévère il est bien loin de Zeuxis et d’Apelle. Persée, qui fut élève d’Apelle, et à qui cet artiste adressa son livre sur la peinture, appartient aussi à cette époque. Aristide de Thèbes110 eut pour élèves et pour fils Nicéros et Ariston. Ce dernier a fait un Satyre couronné et tenant une coupe ; il eut pour élèves Antorides et Euphranor, duquel111 nous parlerons bientôt.

XXXVII

1 C’est ici le lieu d’ajouter ceux qui se sont rendus célèbres dans le pinceau par des ouvrages d’un genre moins élevé. De ce nombre fut Piræïcus112, inférieur à peu de peintres pour l’habileté. Je ne sais s’il s’est fait tort par le choix de ses sujets : toujours est-il que, se bornant à des sujets bas, il a cependant, dans cette bassesse, obtenu la plus grande gloire. On a de lui des boutiques de barbier et de cordonnier, des ânes, des provisions de cuisine, et autres choses sem-