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grec en donne trois, les genres ionique, attique et sicyonique : Eupompe était de Sicyone.

14 On a de Pamphile une alliance, la bataille de Phlionte, la victoire des Athéniens71, Ulysse sur son vaisseau. Il était Macédonien. Ce fut le premier peintre qui eût étudié toutes les sciences, surtout I’arithmétique et la géométrie, sans lesquelles il soutenait que la peinture ne pouvait être parfaite. Il n’a enseigné à personne à moins d’un talent : il prenait 400 deniers par an (410 fr.)72 ; Apelle et Melanthius lui payèrent ce prix. 15 C’est grâce à l’autorité de cet artiste que, d’abord à Sicyone et ensuite dans toute la Grèce, on apprit avant toute chose aux enfants libres la graphique, c’est-à-dire à peindre sur du bois, et que cet art fut reçu comme le premier acheminement aux arts libéraux. Le fait est que l’art de la peinture fut toujours en honneur ; des hommes libres l’ont exercé, et même des hommes de haut rang, et constamment il a été défendu de l’enseigner aux esclaves : c’est pourquoi ni en peinture ni en toreutique on n’a aucun ouvrage célèbre fait par un esclave.

16 Dans la cent septième olympiade vécurent Échion et Thérimaque (XXXIV, 19, 2), qui furent célèbres. Il y a de beaux tableaux d’Échion : un Bacchus ; la Tragédie et la Comédie ; Sémiramis arrivant du rang d’esclave73 au trône ; une vieille femme portant des lampes, et une jeune mariée remarquable par sa pudeur.

17 Mais tous les peintres précédents et suivants ont été surpassés par Apelle de Cos, dans la cent douzième olympiade. À lui seul presque il a plus contribué au progrès de la peinture que tous les autres ensemble ; et il a publié des livres sur les principes de cet art. Il eut surtout la grâce en partage. Il y avait de son temps de très-grands peintres : il admirait leurs ouvrages, il les comblait d’éloges, mais il disait qu’il leur manquait cette grâce qui était à lui74 (ce que les Grecs nomment charis) ; qu’ils possédaient tout le reste, mais que pour cette partie seule75 il n’avait point d’égal. 18 Il s’attribua encore un autre mérite : admirant un tableau de Protogène d’un travail immense et d’un fini excessif, il dit que tout était égal entre lui et Protogène, ou même supérieur chez celui-ci ; mais qu’il avait un seul avantage, c’est que Protogène ne savait pas ôter la main de dessus un tableau : mémorable leçon, qui apprend que trop de soin est souvent nuisible. Sa candeur ne fut pas moindre que son talent : il convenait de la supériorité de Mélanthius76 pour l’ordonnance, et d’Asclépiodore pour les mesures, c’est-à-dire pour la distance qui doit être entre les objets77.

19 On sait ce qui se passa entre Protogène et lui : Protogène résidait à Rhodes ; Apelle, ayant débarqué dans cette île, fut avide de connaître les ouvrages d’un homme qu’il ne connaissait que de réputation ; incontinent il se rendit à l’atelier. Protogène était absent, mais un grand tableau était disposé sur le chevalet pour être peint, et une vieille femme le gardait. Cette vieille répondit que Protogène était sorti, et elle demanda quel était le nom du visiteur : « Le voici, » répondit Apelle ; et, saisissant un pinceau, il traça avec de la couleur, sur le champ du tableau, une ligne d’une extrême ténuité. Protogène de retour, la vieille lui raconte ce qui s’était passé. 20 L’artiste, dit-on, ayant contemplé la délicatesse du trait,