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l’orge, et triturent comme ll vient d’être dit pour le plomb cru ; lls préfèrent le plomb ainsi trituré à la spode de Chypre.

LI. La scorle du plomb est employée aussi (160). La meilleure est celle qui approche le plus de la couleur jaune sans vestiges de plomb, ou qui a l’apparence du soufre et n’est point terreuse. On la concasse dans des mortiers, puis on la lave jusqu’à ce que l’eau prenne une couleur jaune ; on la transvase dans un vaisseau propre, et cela à plusieurs reprises, jusqu’à ce qu’il se fasse un dépôt, qui est une substance très-utile. Cette substance a les mêmes effets que le plomb, mais elle est plus active. Admirons l’expérience humaine, qui n’a rien laissé sans l’essayer de mille façons, pas même la lie et les résidus dégoûtants des choses !

LII. On fait une spode de plomb de la même manière que la spode de cuivre de Chypre (xxxiv, 34). On lave avec de l’eau de pluie dans des linges d’un tissu lâche, on sépare la partie terreuse en transvasant, on passe au crible, et on triture. Quelques-uns aiment mieux ôter la partie pulvérulente avec des plumes, et la triturer dans un vin odorant.

LIII. La molybdène (xxxiii, 31) est ce que nous avons appelé en un autre endroit galène, mineral commun de l’argent et du plomb. Elle est d’autant meilleure qu’elle approche davantage de la couleur de l’or, et qu’elle s’éloigne le plus de l’apparence du plomb ; elle est friable et médiocrement pesante. Cuite dans l’huile, elle prend la couleur du foie. Elle s’attache aux fourneaux où on fond l’or et l’argent ; on (161) la nomme métallique. La plus estimée est celle qui se fait à Zéphyrium (en Cilicie). On estime les molybdènes qui sont le moins terreuses et le moins pierreuses ; on les calcine et on les lave comme la scorie du plomb. On les fait entrer dans les onguents lipares (gras) pour adoucir et rafraîchir les plaies, et dans les emplâtres qu’on ne fixe pas avec un bandage, mais qui, en liniment, cicatrisent les plaies chez les personnes délicates et dans les parties les plus molles. La composition est : trois livres de molybdène, une livre de cire et trois hémines d’huile. Si c’est pour un vieillard, on ajoute à l’huile du marc d’olive. On en fait aussi une composition avec l’écume d’argent et la scorie de plomb, pour la dysenterie et le tenesme : on l’emploie chaude, en fomentation.

LIV. Le psimmythium, c’est-à-dire la céruse, est fourni aussi par les forges de plomb ; la meilleure céruse vient de Rhodes. On la fait de râpures de plomb très-menues, qu’on met au-dessus d’un vase rempli de très-fort vinaigre ; ces râpures se dissolvent ainsi. Ce qui tombe dans le vinaigre est séché, moulu, tamisé, mêlé (162) de nouveau à du vinaigre, divisé en trochisques, et séché au soleil en été. Autre procédé : On met du plomb dans des jarres de vinaigre, qu’on tient bouchées pendant dix jours ; on racle l’espèce de moisissure qui se forme sur le plomb, puis on le remet, et cela jusqu’à ce que tout soit consommé.

[2] Ce qui a été raclé est trituré, tamisé, calciné dans des plats, et remué avec une brochette jusqu’à ce que la substance roussisse (163) et devienne semblable à de la sandaraque ; puis on lave à l’eau douce jusqu’à ce que tous les petits nuages aient disparu ; enfin on sèche comme il a été dit plus haut, et on divise en trochisques. Les propriétés de la céruse sont les mêmes que celles des substances dont il vient d’être parlé, mais elle est plus douce (164) ; de plus, les femmes l’emploient