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vre (VII, 57), ceux qui ont les premiers découvert l’or et la plupart des métaux. Ce qui a donné à l’or le premier rang, ce n’est pas, je pense, la couleur, qui dans l’argent est plus claire et plus semblable à l’éclat du jour ; aussi l’argent est-il préféré pour les enseignes militaires, parce qu’il brille de plus loin ; et ceux qui s’imaginent qu’on a prisé dans l’or la couleur des étoiles se sont manifestement trompés, puisque cette couleur n’est pas la plus recherchée dans les pierreries et autres matières précieuses. Ce n’est pas non plus pour sa pesanteur ou sa malléabilité qu’on l’a préféré aux autres métaux ; car pour ces deux qualités il est inférieur au plomb. C’est que, seul dans la nature, il ne souffre aucun déchet par le feu, et qu’il est en sûreté jusqu’au milieu des incendies et des bûchers ; et même, plus souvent on le soumet au feu, plus il s’améliore. De fait, une épreuve de l’or, c’est que soumis au feu il prenne une couleur ignée, et soit incandescent : cette épreuve se nomme obrussa. La première marque de bonté dans l’or, c’est d’être très difficile à fondre. De plus, chose merveilleuse ! réfractaire au feu le plus violent de charbon de bois, il entre très promptement en fusion à un feu de paille ; et pour le purifier il faut le faire cuire avec du plomb. Une autre raison plus considérable de l’estime où il est, c’est que le frottement lui fait éprouver très peu de déchet, tandis que l’argent, le cuivre et le plomb laissent des traces, et salissent les mains par les parcelles qui s’en détachent. Nulle autre matière n’est plus extensible ; nulle autre ne se prête à une division poussée plus loin, puisque une seule once d’or se partage en plus de sept cent cinquante feuilles de quatre doigts de long sur autant de large. Les plus épaisses feuilles se nomment feuilles de Préneste, gardant encore aujourd’hui ce nom, en considération de l’excellente dorure de la statue de la Fortune dans cette ville. Les secondes en épaisseur sont appelées feuilles questoriennes. On trouve en Espagne de petites masses d’or qu’on nomme strigiles. Seul entre tous, on le rencontre à l’état de pépite ou de paillettes : à la différence des autres métaux, qui, pour être formés, doivent passer par le feu, cet or est or immédiatement, et il est complétement élaboré dès qu’il est trouvé. C’est là l’or natif ; l’autre dont nous parlerons est un produit de l’art. De plus, ni rouille, ni vert-de-gris, il ne contracte rien qui en altère la qualité ou en diminue le poids. Il est réfractaire à l’action du sel et du vinaigre, qui triomphent de toutes choses ; enfin on le file et on le tisse comme de la laine, et sans laine. Verrius nous apprend que Tarquin l’Ancien triompha revêtu d’une tunique d’or. Pour moi, j’ai vu Agrippine, femme de l’empereur Claude, assise à côté de ce prince au spectacle qu’il donnait d’un combat naval, et couverte d’un habit militaire d’or, tissé sans aucune autre matière. Quant aux étoffes attaliques (VIII, 74, 2), il y a longtemps qu’on y fait entrer de l’or en fil ; c’est une invention des rois de l’Asie.

XX. Sur le marbre, et sur les matières qui ne peuvent être fortement chauffées, on l’applique avec un blanc d’œuf ; sur le bois, à l’aide d’une composition collante nommée leucophoron : nous dirons en son lieu (XXXV, 17) ce qu’elle est et comment elle se prépare. Le moyen convenable pour dorer le cuivre serait d’employer le vif argent ou du moins l’hydrargyre. Mais ces substances, comme nous le dirons en en faisant l’histoire (XXXIII, 32 et 41), sont l’objet de falsifications. Pour pratiquer cette dorure on tourmente le cuivre, on le