LIVRE XIX. 717 1 XIV. Il est encore parmi les champignons une espèce que les Grecs nomment peziques ( morille, morchella esculenta ), et qui vient sans racine ni pédicule. 1 XV. A la suite nous allons parler du laserpi¬ tium, plante très-fameuse,que les Grecs nom¬ ment silphion, et production de la province Cyré¬ naïque (thapsia silphium, L.) (4). Le suc s’appelle laser ; il est en vogue pour différents usages et pour la pharmacie, et se vend au poids de l’ar¬ gent. Depuis plusieurs années il a disparu de la Cyrénaïque (xxn, 48), parce que les fermiers des pâturages laissent, y trouvant un plus grand profit, les troupeaux paître dans les loca¬ lités où vient cette plante. De notre temps on n’a pu en découvrir qu’un seul pied, qui a été envoyé 2 à l’empereur Néron. S’il arrive qu’une bête ren¬ contre un pied naissant, on le reconnaît à ce si¬ gne : après en avoir mangé, le mouton s’endort aussitôt, la chèvre éternue. Depuis longtemps on ne nous apporte plus d’autre laser que celui qui croît abondamment dans la Perse, ou dans la Médie, ou dans l’Arménie ; mais il est de beau¬ coup inférieur à celui de la Cyrénaïque ; et encore on le sophistique avec de la gomme ou du saga- pénum, ou de la fève pilée. C’est une raison pour ne pas omettre que, sous le consulatde C. Valérius et deM. Hérennius (an de Rome 661 ), trente li¬ vres de laserpitium furent apportées à Rome de Cyrène, et données à l’État ; et qu’au commence¬ ment de la guerre civile le dictateur César tira du trésor public, parmi l’or et l’argent, quinze 8 cents livres de laserpitium. Nous lisons, dans les auteurs grecs les plus accrédités, que cette plante naquitdans lesenvirons des jardins des Hespérides et de la grande Syrte, à la suite d’une pluie pois¬ seuse qui humecta soudainement la terre, sept années avant la fondation de la ville de Cyrène, fondation qui eut lieu l’an de Rome 143 ; que la vertu de cette pluie se fit sentir en Afrique dans un espace de quatre mille stades ; que là ve¬ nait d’ordinaire le laserpitium, plante .sau¬ vage, rebelle, et qui, si on la cultivait, fuyait dans les déserts. Les racines en étaient nombreu¬ ses et grosses, la tige férulacée ou d’une grosseur égaie à celle des férules ; les feuilles, nommées maspetum, ressemblaient beaucoup à celles de Ta¬ che ; la graine en était foliacée : quant à la feuille, elle tombait tous les ans. Le bétail mangeait 4 cette plante, qui d’abord le purgeait, puis l’en¬ graissait, et donnait à la chair un goût merveil¬ leusement agréable. Après la chute des feuil¬ les, les hommes même mangeaient la tige cuite, rôtie ou bouillie ; aliment qui pendant les qua¬ rante premiers jours les purgeait aussi de toutes les humeurs vicieuses. Le suc s’en recueillait de deux façons : de la racine et de la tige. Ces deux espèces de suc se nommaient l’une rhiziaset l’au¬ tre caulias ; le caulias, moins estimé que le rhizias, était sujet à se gâter. La racine avait une écorce noire. Pour frauder le suc, on le jetait dans des vases, on y mêlait du son, on l’agitait de temps en temps, et on l’amenait ainsi à la consistance convenable ; sans ces précautions, il se serait pu- . tréfié. On reconnaissait qu’il avait atteint cette 5 consistance à la couleur, à la sécheresse, quand toute Thumidité eu était absorbée. D’autres rap¬ portent que la racine du laserpitium avait plus d’une coudée de long, et qu’elle avait au-dessus de terre une tubérosité ; que l’incision de cette tu¬ bérosité donnait issue à un suc laiteux ; qu’au- dessus s’élevait la tige qu’on nommait magy da¬ ris ; que les feuilles de couleur d’or servaient de graine, et qu’elles tombaient après le lever dq 1 XIV. Sunt et in fungorum genere a Græcis dicli pezicæ, qui sine radice aut pediculo nascuntur. 1 XV. Ab his proximum dicetur auctoritate clarissimum laserpitium, quod Graeci silphion vocant, in Cyrenaica provincia repertum : cujus succum vocant laser ; magni¬ ficum in usu medicamentisque, et ad pondus argentei denarii pensum. Multis jam annis in ea terra non inve¬ nitur : quoniam publicani, qui pascua conducunt, majus ita lucrum sentientes-, depopulantur pecorum pabulo. Unos omnino caulis nostra repertus memoria, Neroni 2 principi missus est. Si quando incidit pecus in spem nae* centis, hoc deprehenditur signo : ove, quum comederit, dormiente protinus, capra sternuente : diuque jam non aliud ad nos invehitur laser, quam quod in Perside, aut Media, et Armenia nascitur large, sed multo infra Cyre¬ naicum : id quoque adulteratum gummi, aut sagapeno, aut faba fracta. Quo minus omittendum videtur, C. Va¬ lerio, M. Herennio coss., Cyrenis advecta Romam publice laserpitii pondo xxx ; Cæsarem vero dictatorem initio belli civilis, inter aurum argentumque protulisse ex ærario 3 laserpitii pondo m. d. Id apud auctores Grœciæ eviden- tissimos invenimus natum imbre piceo repente madefacta tellure, circa* Hesperidum hortos Syrtimque majorem, septem annis ante oppidum Cyrenarum, quod conditum est Urbis nostrae anno cxun. Vim autem illam per quatuor millia stadium Africae valuisse. In ea laserpitium gigni solitum, rem feram ac contumacem ; et si coleretur, in deserta fugientem : radice multa crassaque, caule ferulaceo, aut simili crassitudine. Hujus folia maspetum vocabant, apio maxime similia. Semen erat foliaceum, folium ipsum vero deciduum. Vesci pecora solita, pri- 4 moque purgari, mox pinguescere, carne mirabilem in modum jucunda. Post folia amissa, caule ipso et homines vescebantur decocto, asso, elixoque : eorum quoque corpora xl primis diebus purgante a vitiis omnibus. Succus duobus modis capiebatur, e radice, atque caule. Et hæc duo erant nomina : rhizias, atque caulias vilior illo ac putrescens. Radici cortex niger. Ad mercis adul- teria, succum ipsum in vasa conjectum, admixto furfure, subinde concutiendo, ad maturitatem perducebant ; ni ita fecissent, putrescentem. Argumentum erat maturitatis, 5 color, siccitasque sudore finito. Alii tradunt laserpitii radicem fuisse majorem cubitali, tuberque in ea supra terram. Hoc inciso, profluere solitum succum, ceu lactis, superenato caule, qoem magydarin vocarunt. Folia aurei coloris pro semine falsae, cadentia a Canis ortu, Austro
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