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714 PUNE. lui donner la dernière préparation. Cinquante livres de bottesdoivent rendre quinze livres de lin peigné. Une fois filé, on l’assouplit de nouveau en le battant mouillé sur la pierre ; tissu, on le frappe derechef avec des bâtons en forme de masse, d’autant meilleur qu’il est plus mal¬ traité. covid 1 IV. On a inventé aussi un lin que la flamme ne consume pas ; on le nomme lin vif, et nous en avons vu des nappes jetées dans le foyer ar¬ dent d’une salle à manger s’y nettoyer, et sortir plus éclatantes du feu qu’elles ne seraient sorties de l’eau. On en fabrique les linceuls royaux, qui séparent les cendres du corps de celles du bû- 2 cher. Cette substance vient dans des déserts brû¬ lés par le soleil de l’Inde, où il ne tombe pas de ploie, au milieu de reptiles horribles ; elle s’ha¬ bitue là à résister à l’action du feu ; elle est rare à trouver et difficile A tisser, parce qu’elle est courte ; du reste, la couleur en est rousse ; le feu la rend d’un blanc éclatant. Ceux qui la trouvent la vendent aussi cher que les plus belles perles ; elle est appelée par les Grecs asbeste (xxxvii, 54 ), nom qui en indique les propriétés ( άσβεστος, indestructible). Anaxilaüs prétend qu’un tissu de ce lin mis autour d’un arbre amortit le bruit des coups de la cognée, et qu’on l’abat sans que ce bruit soit entendu. L’asbeste occupe donc parmi les lins le premier rang dans tout l’uni vers ; le second rang est donné au byssus, que les femmes recher¬ chent avec tant de passion, et qui vient dans les environs d’Élis en Achaîe.Je trouve dans les au¬ teurs qu’un scrupule de ce lin s’est vendu autre¬ fois quatre deniers (3 fr., 28), c’est-à-dire au poids de l’or. Le duvet des toiles de lin, pris sur¬ tout aux voiles des navires, est en grand usage dans la médecine ; la cendre en a les vertus de la cendre de tutie. Il y a parmi les pavots une espèee (xx, 79) qui donne aux étoffes de lin une extrême blancheur. V. On a essayé aussi de teindre le lin, et de lui 1 faire prendre les folles couleurs de nos vêtements ; cet essai s’est fait d’abord dans la flotte d’A¬ lexandre le Grand, qui naviguait sur le fleuve In¬ dus : ses généraux et ses officiers, dans une cer¬ taine lutte, distinguèrent leurs vaisseaux par la diversité des couleurs ; et les rivages s’étonnèrent quand les vents enflèrent les voiles de nuances variées. Cléopâtre accompagna Marc-Antoine à Aetium avec une voile de pourpre, et elle s’en¬ fuit avec la même voile ; c’était la marque dis¬ tinctive du vaisseau commandant. VI. Dans la suite on employa les toiles de lia I rien que pour donner de l’ombre dans les théâtres. Q. Catulus, le premier, les appliqua à cet usage quand il fit la dédicace du Capitole. Plus tard, Lentulus Spinther fut, dit-on, le premier qui, dans le théâtre, fit étendre des voiles de carbase ( xix ,2,4) lors des jeux en l’honneur d’Apollon. Bientôt après, le dictateur César tendit de toiles de lin le forum tout entier, la voie Sacrée à partir de sa maison jusqu’à la montée du Capitole (3) ; magnificence qui parut plus admirable que le spectacle même de gladiateurs qu’il donna. Pos¬ térieurement encore, et sans jeux, Marcellus, fils d’Octavie, sœur d’Auguste, fit, lors de son édilité, sous le onzième consulat de son oncle, avant les calendes d’août ( 1er août ), couvrir le forum de voiles, dans l’intérêt de la santé de ceux qui avaient des procès : quel changement dans les mœurs depuis le temps de Caton le censeur, qui voulait que le forum fût pavé de cailloux pointus ! Tout récemment des voiles de la couleur do ciel, 2 et ornées d’étoiles, ont été tendues à l’aide de cor- depeclendi aigerendique : justam e quinquagenis fascium libris quinas denas carminari. Herum deinde in filo po¬ litur, illisum crebro in silice ex aqua ; textumque rursus tunditur clavis ; semper injuria melius. 1 IV. Inventum jam est etiam, quod ignibus non ab¬ sumeretur. Vivum id vocant, ardentesque in focis convi¬ viorum ex eo vidimus mappas, sordibus exustis splen¬ descentes igni magis, quam possent aquis. Regum inde funebres tunicæ, corporis favillam ab reliquo separant 2 cinere. Nascitur in desertis adustisque sole Indiæ, ubi non cadunt imbres, inter diras serpentes ; assuescitque vi¬ vere ardendo, rarum inventu, difficile texhi propter bre¬ vitatem. Rufus de caetero colos, splendescit igni. Quum inventum est,æquat pretia excellentium margaritarum. Vocatur autem a Græcis asbestinum ex argumento naturæ. Anaxilaus auctor est, linteo eo circumdatam arborem, surdis ictibus, et qui non exaudiantur, cædi. Ergo bule lino principatus in toto orbe. Proximus byssino, mulierum maxime deliciis circa Elim in Achaia, genito : quaternis denariis scripula ejus permutata quondam, ut auri, repe¬ rto. Linteorum lanugo, e velis navium maritimarum maxime, in magno usu medicinae est : et cinis spodii vim nabet. Est et inter papavera genus quoddam, quo cando¬ rem lintea præcipuum trahunt. V. Tenlatum est tingi linum quoque, et vestium insa- 1 niam accipere, in Alexandri Magni primum classibus, Indo amne navigantis, quum duces ejus ac præfecti in certamine quodam variassent insignia navium ; stupue- runtque littora, flatu versicoloria implente. Velo purpu¬ reo ad Actium cum M. Antonio Cleopatra venit, eodem- que effugit. Hoc fuit imperatoriae navis insigne. VI. Postea in theatris tantum umbram fecere : quod l primus omnium invenit Q. Catulus, quum CapitoHum dedicaret. Carbasina deinde vela primus in theatro du¬ xisse traditur Lentulue Spinther Apollinaribus ludis. Mox Cæaar dictator totum forum romanum intexit, viamque Sacram ab domo sua ad clivum usque Capitolinum, qnod munere ipso gladiatorio mirabilius visum tradunt. Deinde et sine ludis Marcellus Octavia sorore Augusti genitus, in ædilitalesua, avunculo xi consule, a. d. kalendas Au¬ gusti, velis forum inumbravit, ut salubrius litigantes con¬ sisterent : quantum mutatis moribus Catonis censorii, qui sternendum quoque forum muricibus censuerat ? Vela 2 nuper colore cœli, stellata, per rudentes iere etiam in