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LIVRE XVIII.


lance des étincelles, ou quand la cendre se concrète dans le foyer et quand le charbon jette un vif éclat.

LXXXV.

1 Il est aussi des présages tirés des eaux : si la mer tranquille dans le port suspend son mouvement et murmure au dedans d’elle-même, c’est présage de vent ; si elle murmure par intervalles, c’est présage de mauvais temps et de pluie. Si les rivages et les côtes retentissent par une mer tranquille, cela annonce une tempête violente. Il en est de même du bruit que la mer tranquille fait entendre, de son écume qui se disperse, ou du bouillonnement de l’eau. Les poumons de mer (téthye ou méduse ?) nageant sur les flots annoncent du mauvais temps pour plusieurs jours. Souvent encore la mer se gonfle en silence, et, plus soulevée que par les souffles ordinaires, elle indique que déjà les vents la travaillent à l’intérieur.

LXXXVI.

1 Les bruits des montagnes et les mugissements des forêts fournissent des présages, ainsi que les feuilles qui frémissent sans que l’on sente un souffle dans l’air, ainsi que la bourre du peuplier et de l’épine qui voltige, ainsi que les plumes qui nagent sur les eaux. Dans les campagnes même la tempête est annoncée par le fracas qui la précède, et le ciel grondant fournit un pronostic qui n’est pas équivoque.

LXXXVII.

1 Les animaux donnent aussi des présages. Les dauphins folâtrant sur la mer tranquille annoncent du vent du côté d’où ils viennent. Quand ils jettent de l’eau par une mer agitée, ils annoncent le calme. Le calmar qui voltige, les coquillages qui s’attachent, les hérissons de mer qui se fixent avec leurs piquants (IX, 51), ou qui se lestent avec du sable, sont des signes de tempête. Même pronostic quand les grenouilles coassent plus qu’à l’ordinaire, et quand les foulques font entendre leurs cris dès le matin. Les plongeons et les canards nettoyant leurs plumes avec le bec présagent le vent, ainsi que les autres oiseaux aquatiques qui courent en troupes, que les grues qui gagnent à la hâte l’intérieur des terres, que les plongeons qui s’enfuient loin de la mer et des étangs.

2 Les grues volant silencieusement au haut des airs annoncent le beau temps, ainsi que la chouette qui crie pendant la pluie ; mais si elle crie par un temps serein, elle annonce de la tempête. Les corbeaux qui croassent avec une espèce de gloussement et qui se secouent annoncent le vent, s’ils font cela sans interruption ; si leurs cris sont entrecoupés, ils annoncent de la pluie avec du vent. Les choucas se retirant tardivement après la pâture annoncent le mauvais temps, ainsi que les oiseaux blancs quand ils se réunissent en troupes, et les oiseaux de terre quand ils vont crier contre l’eau et arrosent leurs plumes, principalement la corneille ; ainsi que l’hirondelle rasant l’eau de si près qu’elle la frappe de son aile, que les oiseaux qui perchent quand ils se réfugient dans leur nid, que les oies quand elles nous assourdissent de clameurs continuelles, et que le héron quand il reste triste au milieu des sables.

LXXXVIII.

1 Il n’est pas étonnant sans doute que les oiseaux aquatiques, et, en général, que les oiseaux perçoivent les présages de l’air. Les troupeaux bondissant et folâtrant avec une allégresse grossière fournissent aussi un pronostic du temps. Il en est de même des bœufs qui flairent le ciel et qui se lèchent à contre-poil ; des pourceaux fangeux éparpillant les bottes de foin qui ne leur sont pas destinées ; des fourmis qui contre leur naturel se tiennent oisives et renfermées, ou qui se hâtent et apportent leurs œufs ;