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aucune profession plus nombreux ou plus certains ; car pourquoi ne pas considérer comme tels des préceptes dictés par le temps infaillible et par la plus véridique expérience ? Caton nous fournira les premiers.

2. (V.) La population agricole ( Caton, De re rust., in praef.) produit les hommes les plus braves et les soldats les plus courageux, et qui pensent le moins à mal. N’achetez pas une ferme avec précipitation. N’épargnez pas votre peine dans les travaux rustiques, et surtout ne l’épargnez pas dans l’achat d’une terre on se repent toujours d’une mauvaise acquisition. Quand on achète une terre, il faut avant tout considérer l’eau, la terre et le voisin. Chacun de ces points est susceptible d’explications importantes et Incontestables. Caton recommande (Caton, ib.) en outre d’examiner chez les voisins la carnation : Dans un bon pays, dit-il, la carnation et belle.

3. Atilius Régulus, celui qui fut deux fois consul dans la guerre Punique, disait qu’il ne faut acheter ni une terre malsaine dans la contrée In plus fertile, ni la terre la plus saine dans une contrée stérile. La salubrité d’un lieu ne se reconnaît pas toujours au teint des habitants, car l’habitude fait qu’on résiste même à l’action des contrées malsaines ; en outre, il y a des localités salubres pendant une partie de l’année ; or, il n’y a de sains que les pays qui le sont toute l’année. C’est un mauvais fonds que celui qui lutte contre son mettre. Caton recommande (Caton, ib.) de tenir avant tout à ce que la terre, située comme il a été dit, soit bonne par elle-même ; à ce qu’il y ait, dans le voisinage des gens de travail en grand nombre, et une ville importante ; à ce qu’il y ait des rivières ou des routes pour l’exportation ; à ce que la terre soit bien bâtie et bien cultivée. Sur ce dernier point je vois qu’on se trompe généralement ; on croit que la paresse du dernier propriétaire est en faveur de l’acheteur.

4. Rien de plus coûteux qu’une terre abandonnée. Aussi Caton dit-il (Caton, ib.) qu’il vaut mieux acheter d’un bon maître ; qu’il ne faut pas mépriser témérairement la méthode d’autrui, et qu’il en est d’un champ comme d’un homme : quelque gain qu’il fasse, s’il est en même temps de grande dépense, il ne reste pas grand-chose. Caton (Caton, ib.) regarde un vignoble comme le fonds le plus productif, et il n’a pas tort ; car il s’est préoccupé avant tout de la dépense. Il met au b second rang les jardins bien arrosés : cela n’est pas faux, s’ils sont situés auprès d’une ville. Les anciens appelaient les prés parata ( fonds tout prêts). Le même Caton, interrogé quel était le revenu le plus assuré, répondit : De bons prés ; et ensuite ? Des prés médiocres. Le sommaire de tout cela, c’est qu’il estimait le plus le revenu qui exigeait le moins de frais. Cela varie suivant la nature des lieux. Il disait, dans le même esprit (Caton, De re rust., II), qu’un agriculteur doit aimer à vendre ; que dans la jeunesse il faut planter 6 sans hésiter, et qu’on ne doit bâtir que quand le fonds est planté, et alors même avec lenteur. Ce qu’il y a de mieux d’après le dicton vulgaire, c’est de profiter de ta folie d’autrui, mais pourvu que l’entretien de la maison de campagne ne soit pas à charge. Cependant on n’a pas tort de dire que celui qui est bien logé vient plus souvent à sa terre, et que le front du mettre est plus utile que son occiput.

VII. (VI.) 1. Le juste rapport est que la maison suffise à la terre, et la terre à la maison. Il n’a pas été observé par L. Lucullus et Q. Se vola, qui