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considérer comme un citoyen dangereux celui à qui sept jugères (1 hect., 75) ne suffisent pas. » C’était la mesure assignée au peuple après l’expulsion des rois.

4. Quelle était donc la cause d’une si grande fécondité ? C’est qu’alors les champs étaient cultivés de la main des généraux ; et l’on peut croire que la terre s’ouvrait avec complaisance sous un soc chargé de lauriers, sous un laboureur triomphal, soit que ces grands hommes donnassent aux semailles le même soin qu’a la guerre, et missent autant d’attention à la disposition de leurs champs qu’a celle de leur camp, soit que tout fructifie mieux sous des mains honnêtes, parce que tout se fait plus scrupuleusement. Les honneurs accordés à Séranus (an de Rome 497) le trouvèrent occupé à semer, d’où lui vint son surnom. Cincinnatus labourait sur le Vatican ses quatre jugères, qu’on nomme Prés Quinctiens, lorsqu’un messager lui apporta la dictature : celui-ci le trouva même, à ce qu’on rapporte, habit bas, et le visage plein de poussière.

5. « Habillez-vous, lui dit le messager, afin que je vous transmette les ordres du sénat et du peuple romain. » Il y avait alors de ces messagers portant le nom de viator, par cela même qu’ils allaient chercher aux champs les sénateurs et les généraux. Mais aujourd’hui ces mêmes campagnes sont livrées à des esclaves dont les pieds sont enchaînés, aux mains de malfaiteurs, à des hommes dont le visage est marqué ; et cependant la terre ne demeure pas sourde. On la nomme mère, on appelle culte les soins qui lui sont rendus ; elle accepte cet hommage, et on peut croire qu’elle n’est ni violentée ni indignée. Mais devons-nous nous étonner qu’elle ne récompense pas des esclaves comme elle récompensait des généraux ?

V. 1. Aussi donner des préceptes sur l’agriculture fut-il une occupation des hommes du plus haut rang, même chez les étrangers. Parmi les écrivains sur cet objet on compte les rois Hiéron, Philométor Attale, Archélaüs, et les généraux Xénophon et Magon le Carthaginois. A ce dernier notre sénat fit l’honneur, après la prise de Carthage, taudis qu’il distribuait entre les petits rois de l’Afrique les bibliothèques, d’ordonner pour ce seul auteur la traduction en langue latine de ses vingt-huit volumes, bien que dès lors Caton eût composé son livre de préceptes, et de confier l’exécution de cette entreprise à des hommes habiles dans la langue punique. En ce travail un homme d’une très illustre famille, D. Silanus, l’emporta sur tous les autres. J’ai indiqué en tête de cet ouvrage plusieurs savants que je me proposais de suivre : toutefois je citerai ici hors ligne M. Varron (De re rust., 1, 1), qui, à l’âge de quatre-vingt-un ans, crut devoir écrire sur ce sujet. (IV.)

2. Chez les Romains la culture de la vigne ne commença qu’assez tard, et d’abord, comme cela était nécessaire, ils ne furent que laboureurs. Maintenant nous allons traiter des terres labourables, non pas d’une manière superficielle, mais, ainsi que nous l’avons fait jusqu’à présent, en recherchant curieusement les usages anciens et les découvertes postérieures, et en dévoilant à la fois la cause et la raison des choses. Nous parlerons aussi des constellations, indiquant les signes terrestres indubitables qui les accompagnent ; d’autant plus que ceux qui jusqu’à présent ont traité avec quelque soin de cette matière peuvent passer pour avoir écrit pour toute autre classe que celle des laboureurs.

VI. 1. Et d’abord nous procéderons en grande partie par oracles ;