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terre est celle qui a un goût de parfum. Si l’on nous demande quelle est l’odeur de la terre, nous répondrons : L’odeur que l’on recherche est celle qui se fait souvent sentir, le sol n’étant pas remué, au moment du coucher du soleil, dans le lieu ou l’arc-en-ciel a placé ses extrémités (xii, 52), et quand, après une sécheresse continue, la pluie a humecté la terre : alors elle exhale cette haleine divine qui est à elle, qu’elle a conçue du soleil, et à laquelle nul arome ne peut être comparé. C’est cette odeur que, remuée, elle devra répandre ; trouvée, jamais elle ne trompe, et l’odeur est le meilleur indice de la qualité de la terre. Telle est d’ordinaire celle qu’exhale le terrain sur lequel on a abattu une ancienne forêt, et dont on s’accorde à louer la bonté. 12 Dans la culture des céréales, la même terre rapporte davantage toutes les fois qu’on l’a laissée reposer. On ne laisse pas reposer les vignes ; aussi faut-il choisir avec plus de soin le terroir pour les vignobles, si l’on ne veut pas denier de la vérité à l’opinion de ceux qui retardent le terrain de l’Italie comme déjà fatigué. En certaines qualités de terre, la culture est facilitée aussi par le ciel. Il est des terres qu’on ne peut labourer après la pluie ; la qualité qui les fait fertiles les rend alors gluantes. Au contraire, dans le Byzacium (v, 3 ; xviii, 21), région de l’Afrique, cette campagne qui rend cent cinquante grains pour un, et que des taureaux, quand elle est sèche, ne peuvent labourer, nous l’avons vue, après la pluie, fendue par un âne chétif, tandis que, de l’autre côté, une vieille femme dirigeait le soc. Quant à amender le terroir, comme quelques-uns le recommandent, en jetant une terre grasse sur une terre légère, ou une terre maigre et absorbante sur une terre humide et très grasse. C’est une opération insensée : que peut espérer un homme qui cultive un pareil sol ?

IV. (VI.)

1 Autre est la méthode que la Gaule et la Bretagne ont inventée, et qui consiste à en graisser la terre avec la terre ; celle-ci se nomme marne. Elle passe pour renfermer plus de principes fécondants. C’est une espèce de graisse terrestre comparable aux glandes dans le corps, et qui se condense en noyau. (vii..) Les Grecs n’ont pas non plus omis ce procédé. De quoi en effet n’ont-ils pas parlé ? Ils nomment leucargille une argile blanche qu’on emploie dans le territoire de Mégare, mais seulement pour les terroirs humides et froids. 2 Il convient de traiter avec soin de cette marne, qui enrichit la Gaule et la Grande-Bretagne. On n’en connaissait que deux espèces ; mais récemment l’usage de plusieurs espèces a été introduit par les progrès de l’agriculture. Il y a en effet la blanche, la rousse, la colombine, l’argileuse, la tophacée, la sablonneuse. On y distingue deux propriétés : la marne est rude ou grasse ; l’épreuve s’en fait à la main. L’emploi en est double : on s’en sert ou pour la production des céréales seulement, ou pour celle des fourrages. La marne tophacée alimente les céréales, ainsi que la blanche (5) : si elle a été trouvée entre des fontaines, elle est d’une fécondité infinie ; mais, âpre au toucher, elle brûle le sol si on en met trop. 3 La suivante est la rousse, que l’on nomme acaunumarga ; c’est une pierre mêlée dans une terre menue et sablonneuse ; on pile la pierre sur le terrain même, et pendant les premières années on coupe difficilement le blé, à cause des pierres ; toutefois, comme elle est légère, cette marne coûte de transport moitié moins cher que les autres. On la sème clair ; on pense qu’elle est mélangée de sel. Ces deux espèces une fois mises sur un



Ita est profecto, illa erit optima quæ unguenta sapiat. Quod si admonendi sumus, quales sit terræ odor ille qui quæritur, contingit sæpe etiam quiescente ea sub occasum solis, in quo loco arcus cælestes deiecere capita sua, et cum a siccitate continua immaduit imbre. Tunc emittit illum suum halitum divinum ex sole conceptum, cui conparari suavitas nulla possit. Is esse e commota debebit repertusque neminem fallet, ac de terra odor optime iudicabit. Tales fere est in novalibus cæsa vetere silva, quæ consensu laudatur. 12 Et in frugibus quidem ferendis eadem terra utilior intellegitur, quotiens intermissa cultura quievit, quod in vineis non fit, eoque est diligentius eligenda, ne vera existat opinio eorum, qui iam Italiæ terram existimavere lassam. Operis quidem facilitas in aliis generibus constat et cælo, nec potest arari post imbres aliqua, ubertatis vitio lentescens. Contra in Byzacio Africæ illum centena quinquagena fruge fertilem campum nullis, cum siccum est, arabilem tauris, post imbres vili asello et a parte altera iugi manu vomerem trahente vidimus scindi. Terram enim terra emendandi, ut aliqui præcipiunt, super tenuem pingui iniecta aut gracili bibulaque super umidam ac præpinguem, dementis operæ est. Quid potest sperare qui talem colit ?

IV. (vi.)

1 Alia est ratio, quam Britanniæ et Galliæ invenere, alendi eam ipsa, genusque, quod vocant margam. Spissior ubertas in ea intellegitur. Est autem quidam terræ adeps ac velut glandia in corporibus, ibi densante se pinguitudinis nucleo (vii.). Non omisere et hoc Græci : quid enim intemptatum illis ? Leucargillon vocant candidam argillam, qua in Megarico agro utuntur, sed tantum in umida frigidaque terra. 2 Illam Gallias Britanniasque locupletantem cum cura dici convenit. Duo genera fuerant, plura nuper exerceri coepta proficientibus ingeniis. Est enim alba, rufa, columbina, argillacea, tofacea, harenacea. Natura duplex, aspera aut pinguis ; experimenta utriusque in manu. Usus æque geminus, ut fruges tantum alant aut eædem et pabulum. 3 Fruges alit tofacea albaque, si inter fontes reperta est, ad infinitum fertilis, verum aspera tractatu ; si nimia iniecta est, exurit solum. Proxima est rufa, quæ vocatur acaunumarga, intermixto lapide terræ minutæ, harenosæ. Lapis contunditur in ipso campo, primisque annis stipula difficulter cæditur propter lapides ; inpendio tamen minima levitate dimidio minoris, quam ceteræ, invehitur. Inspergitur rara ; sale eam misceri putant. Utrumque hoc genus semel iniectum in l annos valet et frugum et pabuli ubertate. (viii.) 4 Quæ pin-