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LIVRE XVII. 609

Tant les goûts somptueux sont modernes ! À cette époque les arbres rehaussaient tellement le prix des maisons, que sans ces arbres Domitius ne voulut pas tenir un marché même proposé par la haine. 5 Les arbres ont aussi fourni des surnoms aux anciens ; tel est te soldat surnommé Fronditius, qui, traversant le Vulturne à la nage, ceint d'une couronne de feuillage, se distingua par de hauts faits dans la guerre contre Annibal. La famille Licinia eut des Stolons (xviii, 4) ; on donne le nom de stolons aux rejetons inutiles dans les arbres ; et le Licinius qui imagina de détruire ces rejetons reçut, le premier, le surnom de Stolon. Les lois antiques avaient pris aussi les arbres sous leur sauvegarde ; les Douze Tables (Tab. ii, 4) défendaient de couper à tort les arbres d'autrui, sous peine d'une amende de vingt-cinq as pour chaque pied. Est-il à croire que nos aïeux, qui évaluaient à ce prix les arbres à fruit, aient jamais pensé que des lotos iraient au prix exorbitant que je viens de rappeler ? Au reste, les arbres à fruits ne présentent pas des changements moins merveilleux : plusieurs arbres dans la banlieue donnent annuellement un revenu de 2.000 sesterces (420 fr.) ; un seul pied rapporte plus qu'un domaine tout entier ne rapportait jadis. C'est pour cet intérêt qu'on a imaginé la greffe et l'adultère des arbres, afin que les fruits mêmes ne naquissent plus pour les pauvres. Maintenant nous allons exposer les procédés à l'aide desquels on obtient surtout un pareil revenu, c'est-à-dire la véritable et parfaite culture. Aussi nous ne nous occuperons pas des méthodes vulgaires ni de celles qui ont l'assentiment commun, mais nous traiterons des faits incertains et douteux, dans lesquels l'industrie se trompe le plus. Affecter l'exactitude quand il n'en est pas besoin n'est pas notre fait. Avant tout, envisageons d'un point de vue général les influences qui appartiennent en commun à tous les arbres, celles du ciel et du sol.

II. (II.)

1 Les arbres aiment surtout l'aquilon (nord-est) (ii, 46), qui les rend plus touffus, plus vigoureux, et donne plus de solidité au bois. C'est un point sur lequel la plupart se trompent : dans les vignobles, il ne faut pas mettre les échalas de manière qu'ils couvrent les ceps contre ce vent : il ne faut prendre cette précaution que contre le vent du nord. Bien plus, les froids survenant à propos contribuent beaucoup à la solidité des arbres, et ils en favorisent le bourgeonnement ; l'arbre, si le vent du sud le caresse, se fatigue, et surtout lors de la floraison. Des pluies surviennent-elles immédiatement après la floraison, les fruits périssent totalement ; et même il suffit que le temps soit nuageux ou que le vent du midi souffle, pour que la récolte des amandiers et des poiriers soit perdue (xvi, 46). 2 La pluie, vers le lever des Pléiades (xviii, 66), endommage extrêmement la vigne et l'olivier, attendu qu'à cette époque commence le travail du bourgeonnement (xvi, 39 et 42) ; c'est la l'intervalle de quatre jours ; critique pour les oliviers (xvii, 30, 2) ; c'est là ce vent du sud nuageux et fatal qui décide de leur sort, et dont nous avons parlé (xvi, 46). Les céréales aussi mûrissent plus mal sous l'influence du vent du midi, mais mûrissent plus vite. Les froids nuisibles sont ceux qui surviennent avec le vent du nord ou hors de saison. Il est très avantageux pour toutes les semailles que pendant l'hiver règne l'aquilon (nord-est). 3 On désire alors les pluies, et la cause en est manifeste ; car les arbres, épuisés par le fruit qu'ils ont porté, et fatigués en outre par la



in publico nondum essent ullæ marmoreæ. Tam recens est opulentia, tantoque tunc plus honoris arbores domibus adferebant, ut sine illis ne inimicitiarum quidem pretium servaverit Domitius. 5 Fuere ab his et cognomina antiquis : Frondicio militi illi, qui præclara facinora Volturnum transnatans fronde inposita adversus Hannibalem edidit, Stolonum Liciniæ genti. Ita appellatur in ipsis arboribus fruticatio inutilis, unde et pampinatio inventa primo Stoloni dedit nomen. Fuit et arborum cura legibus priscis, cautumque est xii tabulis ut, qui iniuria cecidisset alienas, lueret in singulas æris xxv. Quid existimamus ? venturasne eas credidisse ad supra dictam æstimationem illos, qui vel frugiferas tanti taxaverant ? 6 Nec minus miraculum in pomo est multarum circa suburbana fructu annuo addicto binis milibus nummum, maiore singularum reditu quam erat apud antiquos prædiorum. Ob hoc insita et arborum quoque adulteria excogitata sunt, ut nec poma pauperibus nascerentur. 7 Nunc ergo dicemus, quo[nam] maxime modo tantum ex his vectigal contingat, veram colendi rationem absolutamque prodituri. Et ideo non volgata tractabimus nec quæ constare animo advertimus, sed incerta atque dubia, in quibus maxime fallitur vita. Nam diligentiam supervacuis adfectare non nostrum est. Ante omnia autem [in universum et] quæ ad cuncta arborum genera pertinent in commune de cælo terraque dicemus.

II. (ii.)

1 Aquilone maxime gaudent, densiores ab adflatu eius lætioresque et materie firmiores. Qua in re plerique falluntur, cum in vineis pedamenta non sint a vento eo opponenda et id tantum a septentrione servandum. Quin immo tempestiva frigora plurimum arborum firmitati conferunt, et sic optime germinant, alioqui, si blandiantur austri, defetiscentes, ac magis etiam in flore. 2 Nam si, cum defloruere, protinus sequantur imbres, in totum poma depereunt, adeo ut amygdalæ et piri, etiam si omnino nubilum fuit austrinusve flatus, amittant fetus. Circa vergilias quidem pluvere inimicissimum viti et oleæ, quoniam tum coitus est earum. hoc est illud quadriduum oleis decretorium, hic articulus austrinus nubili spurci, quod diximus. Fruges quoque peius maturescunt austrinis diebus, sed celerius. 3 Illa sunt noxia frigora, quæ septentrionibus aut præposteris fiunt horis. Hiemem quidem aquiloniam esse omnibus satis utilissimum. Imbres vero tum expetendi evidens causa est, quoniam arbores fetu exinanitas et foliorum quoque amissione languidas

pline. – t. i.