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huile épaisse, et frais il est blanc ; puis il rougit, durcit, et perd de sa transparence. Pendant qu’Alexandre le Grand faisait la guerre en Judée, c’était tout juste si on remplissait d’encens une coquille dans tout un jour d’été. Le produit entier du grand jardin n’était que de six conges (litres 19, 44) et celui du petit d’un seul conge (litres 3, 24). On payait le baume le double de son poids en argent. Maintenant un seul arbre produit davantage. On incise le baumier trois fois chaque été, puis on le taille.

[5] Les sarments se vendent aussi ; l’émondage et les rejetons se sont vendus, cinq ans après la conquête, 700,000 sesterces (147,000 fr.). C’est ce qu’on appelle le xylobalsamum ; il sert à la fabrication des parfums ; les laboratoires l’ont substitué au suc. L’écorce même est estimée pour les préparations médicamenteuses. On prise le plus le baume en larmes, puis la graine, en troisième lieu l’écorce, en dernier lien le bois. Le meilleur bois est celui qui est de couleur de bois, c’est aussi le plus odorant ; la meilleure graine, celle qui est la plus grosse, la plus pesante, d’une saveur mordante et brûlante. On la falsifie avec l’hypéricum (xxv1, 53 et 54) de Pétra, falsification qui se reconnaît à ce que la graine d’hypéricum est grosse, vide, longue, sans odeur, et d’un goût de poivre.

[6] La larme, peur être bonne, doit être grasse, petite, médiocrement rousse, et devenir odorante par le frottement. La blanche est de seconde qualité ; la verte et grosse vaut moins ; la noire est la pire, car elle rancit, comme l’huile, en vieillissant. De tous les baumes en larmes, en estime le plus celui qui a coulé avant la formation de la graine. Au reste, on le falsifie avec le suc de la graine, et c’est à peine si on découvre la fraude à un peu d’amertume : en effet, le goût du baume doit être doux, sans mélange d’acidité ; seulement l’odeur en est forte. On l’altère aussi avec l’huile de rose, de cyprus (xii, 5|), de lentisque, de balan, de térébinthe, de myrte ; avec la résine, le galbanum, le cérat du cypre, avec tout ce qui se trouve sous la main. [7] La sophistication la plus trompeuse est celle qui se fait avec la gomme, parce que la substance ainsi préparée tient à la main qu’on retourne, et va au fond de l’eau ; or, ce sont là les deux caractères du baume. Le baume pur tient, il est vrai, à la main ; mais, mélangé avec la gomme, il s’y forme une pellicule fragile (20). On reconnaît aussi cette falsification au goût. Mis sur un charbon, le baume altéré avec de la cire et de la résine brûle avec une flamme plus noire ; mélangé de miel, il attire aussitôt les mouches sur la main. En outre, le baume pur mis dans de l’eau tiède forme un grumeau épais qui va au fond du vase ; sophistiqué, il surnage comme de l’huile ; et s’il est altéré avec du métopion (xii, 49), il se forme autour un cercle blanc. Le caractère le meilleur, c’est qu’il coagule le lait et qu’il ne laisse pas de tache sur les étoffes. [8] Pour aucune autre substance la fraude n’est plus manifeste ; car un setier (litre 0,54) de baume, vendu par le fisc trois cents deniers (246 fr.), produit 1,000 deniers (820 fr.) ; tant il y a profit à augmenter la quantité du liquide ! Le prix du xylobalsamum est de 5 deniers (4 fr. 10) la livre.

LV. La portion de la Syrie limitrophe de la Judée, et située au-dessus de la Phénicie, produit le styrax (styrax officinale, L.) autour de Gabala, de Marathus et de Casius, montagne de la Séleucie. L’arbre porte le même nom ; il ressemble au cognassier. Il donne un suc âpre, mais