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la troisième, de l’île de Chypre ; elle à une odeur suave. Quelques-uns disent que c’est l’arbre appelé en Italie ligustrum (troène).

LII. Dans la même contrée vient l'aspalathos (xxiv, 69) (convolvulus scoparius, L.), à épines blanches, de la grandeur d’un arbre de taille médiocre, à fleurs de rosier. La racine est recherchée pour la parfumerie. On dit que (xxvii, 3, 11) tout arbrisseau sur lequel se recourbe l’arc-en-ciel exhale une odeur aussi douce que l’aspalathos, mais que dans ce cas l’aspalathos exhale une odeur d’une suavité indicible. Quelques-uns l’appellent erysisceptrum ; d’autres, sceptrum. Ou estime celui qui est roux ou couleur de feu, compacte au toucher, et d’une odeur de castoréum ; on le vend 5 deniers (4 fr. 10) la livre.

LIII. L’Égypte produit aussi le marum (teurium marum, L.), qui vaut moins que celui de Lydie ; ce dernier a les feuilles plus grandes et de diverses couleurs ; l’autre les a courtes, petites et odorantes.

LIV. (xxv.) Mais à toutes les odeurs on préfère le baume (balsamodendrum opobalsamum, L.), accordé à la seule terre de Judée. Jadis il ne crossait que dans deux jardins, tous deux royaux, l’un de 20 jugères juste (5 hect.), l'autre un peu moins étendu. Les empereurs Vespasien et Titus ont montré cet arbrisseau à Rome : chose glorieuse à dire, depuis Pompée le Grand nous avons porté aussi des arbres dans nos triomphes (xii, 9). Maintenant cet arbre est esclave, et il paye tribut avec sa nation ; il est tout différent de ce qu’en avaient dit nos auteurs et les auteurs étrangers. En effet, il ressemble plus à la vigne qu’au myrte. On dit qu’on le plante par marcottes, comme la vigne tout à l’heure nommée (i 9). Il couvre des coteaux à la façon de vignobles cultivés sans tuteurs. Il se taille semblablement quand Il est en branches ; il prend de la force par le binage, et il pousse rapidement. En trois ans il donne des fruits. La feuille se rapproche beaucoup de celle de la rue, et ne tombe jamais. Les Juifs ne ménagèrent pas plus le baumier que leur propre vie ; mais les Romains le défendirent, et l’on se battit pour un arbrisseau. Aujourd’hui le fisc le cultive pour son compte, et jamais cet arbuste n’a été plus multiplié et plus grand. La hauteur en est toujours au-dessous de deux coudées.

Il y en à trois espèces : l’une, à feuillage mince et chevelu, se nomme euthéristos (aisé à moissonner) ; l’autre, d’un aspect rugueux, incurvée, rameuse, et plus odorante, est appelée trachy (rude) ; la troisième, eumèces, parce qu’elle est plus grande que les autres ; l’écorce en est lisse ; elle est la seconde en bonté ; l’euthéristos, la dernière. La graine à une saveur vineuse ; elle est rousse, et n’est pas sans onctuosité ; celle qui est légère et verte vaut moins. Les branches sont plus grosses que celles du myrte. On incise l’arbre avec du verre, une pierre ou des couteaux d’os ; les parties vivantes ne doivent pas être lésées avec le fer ; autrement il meurt aussitôt, et ce pondant il supporte qu’on l’émonde. La main qui pratique l’incision doit la conduire avec assez de ménagement pour ne rien blesser au delà de l’écorce.

La plaie laisse couler un suc nommé opobalsamum, d’une suavité exquise, mais seulement goutte à goutte ; on le reçoit sur des laines, et on l’exprime dans de petites cornes. De la on le met dans un vase de terre neuf ; il ressemble à une