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enivre ceux qui en mangent. Le prix du myrobolan est de 2 deniers (1 fr. 64) la livre. Les marchands appellent aussi myrobolan la lie du parfum ou entre cette substance.

XLVIII. Le calamus odorant (17), qui croit dans l’Arabie, est commun à l’Inde et à la Syrie. Celui de Syrie, à 150 stades (27 kll.) de notre mer (Méditerranée), l’emporte sur tous les autres. Entre le mont Liban et une autre montagne sans nom, mais qui n’est pas, comme quelques-uns l’ont pensé, l’Anti-Liban en une vallée médiocre, près d’un lac dont les marécages se dessèchent l’été, croissent dans un espace de 30 stades (5,500 mètres) à partir de ce lac, le calamus et le jonc odorant (andropogon schœnanthus) (xxi, 72). Nous ne voulons pas, quoiqu’un autre livre soit consacré aux herbes, laisser de côté le jonc, nous occupant ici des matériaux de la parfumerie. Ces deux végétaux ne diffèrent eu rien, pour l’aspect, des autres de ce genre ; mais le calamus a une odeur agréable, attire aussitôt de loin, et est plus mou au toucher. Le meilleur est le moins fragile, celui qui se rompt plutôt en éclats qu’en rave. Dans le tuyau est un réseau semblable à une toile d’araignée, qu’on appelle la fleur ; celui qui eu contient le plus est le meilleur. Le dernier caractère de bonté, c’est la couleur noire ; ailleurs cette couleur le fait rebuter. Il est d’autant meilleur qu’il est plus court, plus gros, et pilant quand on veut le rompre. Le prix du calamus est de 11 deniers (8 fr. 02) la livre ; du jonc, de 15 (12 fr. 30). Ou dit que le jonc odorant se trouve aussi dans la Campanie.

XLIX. Nous sommes sortis des terres qui regardent l’Océan, pour entrer dans celles qui sont tournées vers nos mers. (xxiii.) L’Afrique, placée au-dessous de l’Éthiopie, distille dans ses sables la gomme ammoniaque (xxiv, 14) ; le nom en a même passé à l’oracle d’Ammon, auprès duquel croit l’arbre qui la produit. Cette substance, qu’on nomme métopion, ressemble à de la résine ou à de la gomme. Ou en distingue deux espèces : le thrauston (concassé), il a de la ressemblance avec l’encens mâle, c’est le plus estimé ; le phyrama (mélange), il est gras et résineux. Ou falsifie la gomme ammoniaque avec des sables, qui semblent s’y être incrustés au moment de la formation ; aussi préfère-t-on celle dont les morceaux sont le plus petits et le plus purs. Le prix de la meilleure est de 40 as (2 fr) la livre.

L. Au-dessous de ces contrées, dans la province Cyrénaïque, est le meilleur sphagnos, que d’autres nomment bryon ; au second rang est celui de Chypre ; au troisième, celui de Phénicie. Ou dit qu’il naît aussi dans l’Égypte et même dans la Gaule ; je n’en doute pas : en effet, on donne ce nom à des flocons blancs attachés aux arbres, tels que ceux que nous voyons sur le chêne surtout ; mais ceux dont il s’agit ici ont une odeur excellente. Les plus estimés sont les plus blancs et les plus hauts sur les arbres (xvi, 1 3) ; la seconde qualité est rouge, les noirs sont sans valeur. Le sphagnos né dans les îles et les roches est rebuté, ainsi que toutes les espèces qui ont 1’odeur de palmier, et non leur odeur propre.

LI. (xxlv.) Le cyprus (henné, lawsonia inermis, L.) est un arbre d’Égypte, à feuilles de jujubier (xv, 14), à graine de coriandre (xx, 82), blanche et odorante ; on le cuit dans l’huile, on l'exprime ensuite, ce qui donne le parfum appelé cyprus ; le prix en est de 6 deniers (4 fr. 10) la livre. Le meilleur (18) vient du cyprus de Canope sur la rive du Nil ; la seconde qualité, d’Ascalon en Judée ;