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nuité, d’une couleur purpurine, pesant peu sous un volume considérable, à tuyaux courts et non fragiles. Les barbares donnent le nom de lacta à cette cannelle. Une autre espèce est appelée baisamede, à cause de son odeur ; mais elle est amère : aussi est-elle préférable pour les compositions médicamenteuses, comme la noire pour les parfums. Aucune substance n’a des prix plus disproportionnée : la meilleure vaut 50 deniers (41 fr.) la livre ; les autres, 6 deniers (4 fr. 10).

3 (xx.) On trouve encore dans le commerce l’écorce appelée daphnoïde (laurus casia), et surnommée isocinnamome (égale au cinnamome) ; le prix en est de 300 deniers (246 fr.). On la falsifie avec du styrax, et, à cause de la ressemblance des écorces, avec de très-petites branches de laurier. Bien plus, ou plante la casia (daphne gnidium, L.) dans notre monde et à l'extrémité de l’empire, le long du Rhin ; là, ce végétal (xvi, 59) vit dans les terrains où sont des ruches d’abeilles ; mais il n’a pas cette couleur brûlée due à un soleil ardent, ni, non plus, la même odeur.

XLIV. Sur les confins du pays de la cannelle et du cinnamome croissent le cancame (amyris kalaf, Forsk.) et le tarum (bois d’aloès), apportés en Arabie à travers le pays des Nabatéens Troglodytes, colonie des Nabatéens.

XLV. (xxi.) On y apporte aussi le serichatum et le gabalium, productions que les Arabes consomment chez eux, et que l’on ne connaît que de nom dans l’empire romain. Ces substances croissent avec le cinname et la cannelle. Cependant quelque fols le serichatum parvient jusqu’à nous. et quelques-uns l’ajoutent aux parfums ; il se vend 6 deniers (4 fr. 12) la livre.

XLVI. Le myrobolan (noix de ben ; moringa oleifera, Lam.) est commun au pays des Troglodytes, à la Thébaïde, et a cette portion de l’Arabie qui sépare la Judée de l’Égypte ; il est fait pour les parfums, comme l’indique le nom, lequel montre aussi que c’est le gland d’un arbre. Cet arbre est semblable pour sa feuille à l’héliotrope, dont nous parlerons parmi les herbes (xxii, 29) ; le fruit est de la grosseur d’une aveline. Celui qui croit en Arabie est appelé syriaque, et est blanc ; celui que produit la Thébaïde est noir. Ou préfère le premier, à cause de la bonté de l’huile qu’on eu exprime ; mais celui de la Thébaïde en fournit davantage. Le myrobolan de la Troglodytique est le moins estimé. Quelques-uns préfèrent le myrobolan d’Éthiopie, gland noir, sans onctuosité, à noyau petit, mais rendant une liqueur plus parfumée, et venant dans des plaines ; ils ajoutent que le myrobolan d’Égypte est plus gras ; l’écorce en est plus épaisse, rouge, et, quoiqu’il naisse dans des terrains marécageux, Il est plus court et plus sec ; qu’au contraire le myrobolan d’Arabie est vert, plus menu et plus compact, vu qu’il croit sur des montagnes ; mais que le meilleur, à beaucoup près, est celui de Pétra, ville dont nous avons parlé (vi, 32,3), a écorce noire, a noyau blanc. Les parfumeurs ne font qu’exprimer les écorces ; les médecins expriment les noyaux, qu’ils pilent, et arrosent peu à peu avec de l’eau chaude.

XLVII, (xxii.) Le fruit du palmier d’Égypte appelé adipsos (calmant la soif) est employé dans la parfumerie comme le myrobolan, et vient, pour l’usage, immédiatement après. Il est vert, d’une odeur de coing, sans bols à l’intérieur. On le récolte un peu avant qu’il commence à mûrir ; si on le laisse murir, on le nomme phœnicobalan (gland phénicien) ; il devient noir, et