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XXIX. [1] A ces substances ressemble le cardamome (amomum cardamomum, L.) et par le nom et par l’arbrisseau dont il provient ; la graine en est oblongue. On le récolte de la même manière dans l’Arabie que dans l’Inde. Il y en a quatre espèces celui qui est très vert, onctueux, à angles aigus, difficile à casser, est le plus estimé ; vient ensuite celui qui est d’un blanc tirant sur le roux ; en troisième lieu est celui qui est plus court et plus noir. Le plus mauvais est celui qui est de couleur variée, friable et de petite odeur. Le cardamome non falsifié doit se rapprocher du costus. II vient aussi dans la Mé¬die. Le prix du meilleur est de 12 deniers (9 fr. 84) la livre.

XXX. [1] L’analogie exigerait que je parlasse du cinnamome (XII, 42), s’il ne convenait pas d’indiquer auparavant les richesses de l’Arabie, et les causes qui lui ont fait donner le nom d’heureuse et de fortunée. Les principaux produits de cette contrée sont l’encens et la myrrhe. La myrrhe lui est commune avec le pays des Troglodytes ; (XIV.) mais l’encens ne se trouve pas ailleurs qu’en Arabie, et même il ne se trouve pas dans toute l’Arabie. Au milieu environ de ce pays sont les Atramites, district des Sabéens (VI, 32, 12), et dont la capitale est Sabota, située sur une montagne élevée, à huit stations de la région thurifère appelée Saba, mot que les Grecs disent signifier mystère. Cette région regarde le levant d’été, fermée de tous côtés par des rochers, et à droite par une mer dont la côte est inabordable à cause des écueils. On dit que le sol y est d’un rouge tirant sur le blanc laiteux.

[2] Les forêts d’encens s’étendent dans une longueur de 20 schènes, et dans une largeur de dix. Le schène, d’après l’évaluation d’Ératosthène, vaut 40 stades, c’est-à-dire 5, 000 pas ; quelques-uns ont estimé le schène à 32 stades. De hautes collines s’y élèvent, et les arbres qui y naissent spontanément descendent jusque dans les plaines. On s’accorde pour dire que la terre est argileuse, avec des sources rares et nitreuses. Ce pays est limitrophe de celui des Minéens, autre district à travers lequel on porte l’encens par un seul sentier étroit. Les Minéens, les premiers, ont fait le commerce de l’encens, et ils en sont encore les agents les plus actifs ; de là vient que l’encens a été appelé minéen. Ce sont les seuls Arabes qui voient l’arbre de l’encens, et encore ne le voient-ils pas tous ;

[3] on dit que c’est le privilège de trois mille familles seulement, qui le possèdent par droit héréditaire ; que pour cela ces individus sont sacrés ; que lorsqu’ils taillent ces arbres ou font la récolte ils ne se souillent ni par le commerce avec les femmes ni en assistant à des funérailles, et que ces observances religieuses augmentent la quantité de la marchandise. Quelques-uns prétendent que le droit de faire la récolte dans les forêts appartient en commun à ces peuples ; d’autres disent qu’il se répartit par un roulement annuel.