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XIV. L’olivier de l’Inde est stérile, ou du moins ne donne qu’un fruit d’olivier sauvage. (VII.) Les végétaux produisant le poivre sont semblables à nos genévriers et répandus partout, bien que des auteurs aient dit que le versant du Caucase ex-posé au soleil les produit seul. Les graines diffèrent du genévrier par leurs petites gousses, semblables à celles des faséoles. La gousse, cueillie avant de s’ouvrir, et grillée au soleil, fait ce qu’on appelle le poivre long ; peu à peu, s’entrouvrant par l’effet de la maturité, elle met à découvert le poivre blanc, qui, grillé ensuite par le soleil, se ride, et change de couleur. Mais ces fruits sont sujets à des détériorations particulières : ils se charbonnent par l’intempérie de l’air, et deviennent des semences creuses et vides, nommées brechma ; ce mot, dans la langue indienne, signifie avortement. De toutes les espèces de poivre c’est la plus âcre, la plus légère ; elle est d’une couleur pâle. Le poivre noir est plus agréable ; le poivre blanc est moins piquant que l’un et l’autre. Le poivrier n’a pas pour racine, comme quelques-uns l’ont pensé, ce qui est nommé zimpiberi et par d’autres zingiberi, bien que la saveur en soit semblable. En effet, le gingembre croit en Arabie et en Troglodytie dans les champs cultivés ; c’est une petite plante herbacée, dont la racine est blanche. Cette racine se moisit promptement, quoiqu’elle soit très amère. Le prix en est de six deniers (5 fr. 04) la livre. On falsifie très aisément le poivre long avec le sénevé d’Alexandrie. Il se vend quinze deniers (12 fr. 60) la livre ; le blanc, sept deniers (5 fr. 88) ; le noir, quatre deniers (3 fr. 36). Il est étonnant que l’usage de cette substance ait pris tant de faveur. En effet, dans les substances dont on use, c’est tantôt la suavité, tantôt l’apparence qui séduisent. Le poivre n’a rien de ce qui recommande un fruit ni une baie ; Il ne plaît que par son amertume, et par une amertume qu’on va chercher dans l’Inde. Qui le premier en essaya dans ses aliments ? ou quel fut celui qui ne se contenta pas de la faim pour assaisonnement ? Le poivre et le gingembre sont sauvages dans les contrées où ils croissent, et cependant nous les achetons au poids, comme l’or ou l’argent. L’Italie produit aussi une espèce de poivrier (XVI, 59) plus grand que le myrte, et qui n’en est pas très différent ; l’amertume de la graine est la même que celle qu’on suppose au poivre nouvellement cueilli ; le poivre d’Italie, n’ayant pas cette maturité cuite du poivre indien, ne se ride pas et ne change pas de couleur. On falsifie le poivre avec des baies de genévrier qui en contractent merveilleusement l’âcreté. On le falsifie aussi, pour le poids, de plusieurs manières.

XV. Il y a encore dans l’Inde une graine semblable au poivre ; on l’appelle garyophyllon ; elle est plus grosse et plus fragile. On dit qu’elle provient d’une forêt sacrée de l’Inde ; c’est l’odeur qui la fait importer chez nous. Ce pays produit encore un végétal épineux qui donne une graine semblable au poivre, et d’une amertume extraordinaire. Les feuilles de ce végétal sont petites, et serrées comme celles du cypre (XII, 52) ; les branches ont trois coudées de long ; l’écorce est pâle, la racine large, ligneuse, et d’une couleur de buis. En mettant cette racine avec la semence dans un vase d’airain rempli d’eau, on prépare le médicament nommé lycion. Ce végétal (acacia catechu, Willd.) vient aussi sur le mont Pélion, et sert à falsifier le médicament. On emploie aussi pour cette sophistication la racine d’asphodèle ou labile de bœuf, ou l’absinthe, ou le sumac, ou le marc d’huile. Le lycion le meilleur pour l’emploi médical est écumeux (XXIV, 77). Les Indiens l’envoient dans des outres de peaux de