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IX. [1] Le grand Pompée montra l’ébène à Rome, dans son triomphe sur Mithridate. Suivant Fabianus, ce bois ne donne pas de flamme ; cependant il brûle, et l’odeur en est agréable. Il yen a deux espèces : l’ébénier, le meilleur et le plus rare, est arborescent, et a un tronc sans nœuds. Le bois aune couleur noire brillante, agréable immédiatement même sans l’intervention de l’art ; l’autre est un arbrisseau ressemblant au cytise, et se trouve dans toute l’Inde.

X. (v.) Le même pays produit un arbrisseau épineux, semblable à l’ébène ; pour l’en distinguer il suffit d’une lumière : le bois de cette épine indienne la laisse passer. Maintenant parlons des arbres qui firent l’admiration d’Alexandre victorieux, quand ce monde nouveau eut été ouvert par ses armes.

XI. [1] Là le figuier (ficus indica, L.) a des fruits exigus : se plantant toujours lui-même, il étend au loin ses rameaux. Les extrémités des branches se recourbent tellement vers la terre qu’elles s’y implantent dans l’espace d’un an, et forment autour de leur parent une nouvelle plantation circulaire, qu’on dirait disposée par la main d’un jardinier. Les bergers passent l’été au dedans de cette haie, ombragée à la fois et fortifiée par l’arbre même, et offrant à celui qui regarde par-dessous ou de loin, une vue charmante, à cause des arcades de son pourtour.

[2] Les branches supérieures s’élancent en hauteur, et par leur multitude forment une espèce de forêt, tandis que le vaste corps de leur mère atteint ordinairement une grosseur de soixante pas de tour, et couvre deux stades de son ombrage. Les feuilles, larges, ont la forme d’un bouclier d’amazone ; de la sorte, couvrant le fruit, elles l’empêchent de croître. Le fruit est peu abondant, et il dépasse à peine la grosseur d’une fève ; mais, mûri à travers les feuilles par le soleil, il acquiert une saveur douce, et est digne de cet arbre merveilleux. On le trouve surtout aux bords du fleuve Acesines (VI, 23).

XII. (VI.) [1] Un autre figuier, plus grand, l’emporte par la grosseur et la saveur de son fruit, dont les sages de l’Inde se nourrissent. La feuille a la forme d’une aile d’oiseau ; elle est longue de trois coudées, et large de deux. Le fruit sort de l’écorce ; il est admirable par la douceur de son suc ; un seul suffit pour rassasier quatre personnes. L’arbre se nomme pala ; le fruit, ariens. Il abonde surtout dans le pays des Sydraques (VI, 25), terme de l’expédition d’Alexandre. Il y en a aussi un autre dont le fruit est plus doux, mais provoque des dérangements intestinaux. Alexandre avait défendu qu’aucun soldat ne toucha à ce fruit.

XIII. [1] Les Macédoniens ont parlé d’espèces d’arbres sans en dire le nom la plupart du temps. Il en existe un semblable en tout au térébinthinier, excepté pour le fruit, qui, ressemblant à l’amande, est seulement un peu plus petit ; la douceur en est remarquable. Toujours est-il qu’à Bactres quelques-uns le regardèrent plutôt comme un térébinthinier d’une espèce particulière, que comme un arbre semblable au térébinthinier. Quant à celui dont on fait des étoffes de lin (cotonnier ?), la feuille en est semblable à celle du mûrier ; et la couronne du fruit à l’églantier. On le plante dans les plaines, et il n’est pas de culture qui ait un aspect plus agréable.