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VI. (II.) Tel est le platane nain, qui doit ce ce nom à sa petitesse forcée ; car nous avons trouvé l’art de faire avorter même des arbres. Ainsi donc, parmi les végétaux aussi, il sera question de la disgrâce des nains. Ce résultat s’obtient et par la manière de planter et par celle de tailler. C. Martius, de l’ordre équestre, ami du dieu Auguste, inventa, il y a moins de quatre-vingts ans, l’art de tondre les bosquets.

VII. (III.) [1] Les cerisiers (XV, 30), les pêchers (XV, 13) et tous les arbres à noms grecs ou étrangers sont exotiques. Je parlerai, à propos des arbres à fruit, de ceux qui ont commencé à se naturaliser chez nous. Pour le moment, nous ferons l’histoire des arbres exotiques, commençant par celui qui est lé plus salutaire. Le pommier d’Assyrie, nommé aussi médique (citronnier), est un remède contre les poisons (XXIII, 56). La feuille en est celle de l’arbousier (XV, 28). Des piquants sont parsemés. Le fruit, du reste, ne se mange pas ; l’odeur en est excellente, ainsi que celle des feuilles ; elle pénètre les étoffes avec lesquelles on l’enferme, et éloigne les insectes nuisibles. L’arbre lui-même est couvert de fruits en toute saisons les uns tombent, les autres mûrissent, d’autres commencent à se nouer.

[2] Des nations ont essayé de le transporter chez elles, à cause de son efficacité médicinale, en le plaçant dans des vases de terre et en donnant de l’air aux racines par des trous ; car (remarque que je fais une fois pour toutes) on se souviendra que tout ce qui doit être transporté au loin a besoin d’être planté très à l’étroit et dépoté. Mais il s’est refusé à croître ailleurs qu’en Médie et en Perse. C’est cet arbre dont les graines, avons nous dit (XI, 115), sont employées par les grands des Parthes à l’assaisonnement des ragoûts, dans l’intention d’améliorer l’haleine. On ne cite aucun autre arbre de la Médie.

VIII. [1] En parlant du pays des Sères (VI, 20), nous avons parlé des arbres à laine qu’il produit. (IV.) De même, à propos de l’Inde, il a été question de la grandeur de ses arbres (VII, 2, 13). De ceux qui sont particuliers à cette dernière contrée, Virgile (Géorg., II, 116) n’a célébré que l’ébénier, qui, dit-il, ne vient nulle part ailleurs. Hérodote (Hist., III, 97) l’a implicitement attribué à l’Éthiopie, en rapportant que les Éthiopiens fournissaient tous les trois ans aux rois de Perse, en forme de tribut, cent bûches de ce bois, avec de l’or et de l’ivoire. Il ne faut pas non plus omettre, puisqu’il a spécifié la chose, que le tribut d’ivoire auquel les Éthiopiens étaient assujettis consistait en vingt grandes dents d’éléphant.

[2] Telle était la faveur dont jouissait l’ivoire l’an de Rome 310 : c’est en effet à cette époque qu’Hérodote composa son histoire à Thurium en Italie ; circonstance qui est étrange la confiance que nous accordons à ses paroles quand il prétend (Hist., III, 115) que jusqu’à son temps aucun Grec ou Asiatique, à sa connaissance du moins, n’avait vu le fleuve du Pô. La carte de l’Éthiopie, qui, avons-nous dit (VI, 35), fut mise dernièrement sous les yeux de Néron, a appris que l’ébénier est rare depuis Syène, limite de l’empire, jusqu’à Méroé dans un espace de 896, 000 pas, et qu’il n’y existe aucun autre arbre que des arbres du genre des palmiers. C’est peut-être pour cette raison que l’ébène était au troisième rang dans le tribut imposé.