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moment où il écrivait ; il rapporte aussi que dans une certaine nation indienne les femmes n’engendrent qu’une fois dans leur vie, et que leurs enfants prennent aussitôt une chevelure blanche. Il parle aussi d’hommes appelés Monocoles (μόνος, unique, κῶλον, jambe), qui n’ont qu’une jambe et qui sautent avec une agilité extrême ; il dit qu’on les nomme aussi Sciapodes (σκιά, ombre, πούς, pied), parce que dans les grandes chaleurs, couchés par terre sur le dos, ils se détendent du soleil par l’ombre de leur pied ; qu’ils ne sont pas loin des Troglodytes ; et que près d’eux, à l’occident, se trouvent d’autres hommes qui, privés de cou, ont les yeux dans les épaules.

Il y a des satyres dans les montagnes indiennes situées au levant équinoxial : le pays est dit des Catharcludes. Ces satyres sont très rapides ; ils courent tant à quatre pattes que sur leurs deux pieds : ils ont la face humaine, et leur agilité fait qu’on ne les prend que vieux ou malades. Tauron donne le nom de nation des Choromandes à une race sauvage, privée de voix, poussant des cris horriblement stridents, ayant le corps velu, les yeux glauques, des dents de chien. Eudoxe prétend que dans le midi de l’Inde les hommes ont le pied long d’une coudée, et les femmes si petit qu’on les appelle Struthopodes (στρούθος, moineau, πούς, pied, pied de moineau).

Mégasthène mentionne une nation d’entre les Nomades de l’Inde qui n’a que des trous pour narine, et des pieds flexibles comme le corps des serpents ; on la nomme les Scyrites. Il dit qu’aux extrémités de l’Inde, du côté de l’Orient, vers la source du Gange, est la nation des Astomes, sans bouche, le corps entier couvert de poil, laquelle s’habille avec le duvet des feuilles (VI, 20), et ne vit que de la respiration et des odeurs aspirées par les narines ; qu’ils ne prennent aucun aliment solide, aucune boisson : qu’ils se contentent des odeurs variées de racines, de fleurs, de pommes sauvages, qu’ils portent avec eux dans les excursions un peu éloignées, pour avoir de quoi flairer ; qu’une odeur un peu forte les tue sans difficulté.

Au delà, à l’extrémité des montagnes, on parle des Trispithames et des Pygmées, qui n’ont pas plus de trois spithames de haut, c’est-à-dire 27 pouces : ils ont un ciel salubre, un printemps perpétuel, défendus qu’ils sont par les montagnes contre l’Aquilon. Homère (Il., III, 3) rapporte, de son côté, que les grues leur font la guerre. On dit que, portés sur le dos de béliers et de chèvre, et armés de flèches, ils descendent tous ensemble au printemps sur le bord de la mer, et mangent les œufs et les petits de ces oiseaux ; que cette expédition dure trois mois ; qu’autrement Ils ne pourraient pas résister à la multitude croissante des grues : que leurs cabanes sont construites avec de la boue, des plumes et des coquilles d’œufs. Aristote (Hist. an., III, 12) dit que les Pygmées vivent dans des cavernes ; il donne pour le reste les mêmes détails que les autres.

D’après Isigone, les Cyres, race indienne, vivent cent quarante ans. Il attribue la même longévité aux Éthiopiens Macrobes, aux Sères, et à ceux qui habitent le mont Athos ; et ces derniers, parce qu’ils se nourrissent de chair de vipère (XXIX, 28) : aussi dit-il qu’ils n’ont de vermine ni dans leurs cheveux ni dans leurs vêtements.

Onésicrite rapporte que dans les lieux de l’Inde où il n’y a pas d’ombre (II, 75) les hommes ont