Page:Pline l'ancien - Histoire naturelle, Littré, T1 - 1848.djvu/305

Cette page n’a pas encore été corrigée

et parmi les plus illustres Hérodote (Hist., iii, 116 ; iv, 13) et Aristée de Proconnèse.

Au delà d’autres Scythes anthropophages, dans une grande vallée du mont Imaüs, est une région appelée Abarimon, où vivent des hommes sauvages, dont les pieds sont tournés en sens contraire des nôtres ; ils sont d’une vélocité extraordinaire, et ils errent dans les bois avec les animaux. Ils ne peuvent pas respirer sous un autre ciel ; c’est pour cela qu’on n’en amène pas aux rois voisins, et qu’on n’en conduisit point à Alexandre le Grand : tel est le dire de Béton, chargé de mesurer les marches de ce prince.

D’après Isigone de Nicée, les anthropophages que nous avons dit précédemment être à dix journées de marche vers le nord au delà du Borysthène (iv, 26 ; vi, 29) boivent dans des crânes humains, dont ils portent au-devant de leur poitrine en guise de serviette, la peau garnie de la chevelure. D’après le même auteur, en Albanie (vi, 15), il naît des individus avec des yeux glauques, dont les cheveux sont blancs dès l’enfance, et qui voient mieux la nuit que le jour [albinos]. Le même auteur rapporte qu’à dix journées au delà du Borysthène, les Sauromates ne mangent que de deux jours l’un.

On lit dans Cratès de Pergame que sur l’Hellespont, auprès de Parium, fut une espèce d’hommes qu’il appelle Ophiogènes, habitués à guérir par des attouchements les morsures des serpents, et à extraire du corps les venins par l’imposition des mains. Varron prétend même qu’il y en a encore dans le même lieu un petit nombre, et que leur salive est un remède contre ces morsures. Telle était aussi en Afrique, au rapport d’Agatharchide, la nation des Psylles (xxviii, 6), nommés ainsi du roi Psylle, dont le tombeau est dans un endroit des grandes Syrtes. Leur corps possédait naturellement un venin funeste aux serpents, et dont l’odeur assoupissait ces animaux. Leur coutume était d’exposer leurs enfants, aussitôt après la naissance, aux plus redoutables de ces reptiles, et d’éprouver ainsi la chasteté de leurs femmes, les serpents ne s’éloignant pas des enfants nés d’un commerce adultère. Cette nation a été presque exterminée par les Nasamons, qui maintenant occupent ce pays. Cependant la race de ces hommes fut perpétuée par ceux qui échappèrent au combat, ou qui étaient absents au moment où il se livra ; et il en reste quelques-uns aujourd’hui. Telle est encore eu Italie la race des Marses, que l’on dit issus (2) du fils de Circé, et chez qui on explique par là cette propriété naturelle. Au reste, tous les hommes (xxviii, 7) possèdent un venin redouté des serpents : on prétend que ces reptiles, touchés par la salive, fuient comme si c’était de l’eau bouillante, et que si elle pénètre dans la gueule, ils meurent, surtout quand l’homme qui crache est à jeun.

Au delà des Nasamons et des Machlyes qui leur sont limitrophes, Calliphane rapporte que sont les Androgynes, réunissant les deux sexes, et usant tour à tour de l’un et de l’autre. Aristote ajoute que chez eux la mamelle droite est faite comme celle de l’homme, et la mamelle gauche comme celle de la femme.

Dans la même Afrique sont, d’après Isigone et Nymphodore, des familles de fascinateurs qui, par la vertu de paroles enchantées, font périr les troupeaux, sécher les arbres, et mourir les enfants. Isigone ajoute que chez les Triballes et les Illyriens il y a des individus de