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espèce. De plus, Canaria est pleine de bois de palmiers à dattes (XIII, 9), et de pommes de pin. Il y a aussi du miel en grande quantité ; on trouve dans les rivières du papyrus et des silures (IX, 17). Ces îles sont infectées par la putréfaction des animaux que la mer rejette continuellement sur leurs côtes.

XXXVIII. Mais nous avons suffisamment décrit le globe terrestre, tant dans les continents qu’en dehors ; il faut maintenant résumer la mesure des mers. (XXXIII) D’après Polybe, on compte depuis le détroit de Cadix, en droite ligne, jusqu’à l’embouchure du Palus-Méotide, 3.437.500 pas ; du même point de départ, en droite ligne à l’orient, jusqu’à la Sicile, 1.260.500 pas ; de là à la Crète, 375.000 ; de là à Rhodes, 183.500 : de là aux îles Chélidoniennes, autant ; de là à Chypre, 322.500 ; de là à Séleucie Pieria de Syrie, 115.000, ce qui fait une somme de 2.440.000 pas. Agrippa estime ce même intervalle depuis le détroit de Cadix jusqu’au golfe d’Issus, en ligne directe, à 3.440.000 pas ; mais je ne sais s’il n’y a pas là une erreur de chiffres, car le même auteur n’évalue la distance du détroit de Sicile à Alexandrie qu’à 1.250.000 pas. Tout le circuit le long des golfes indiqués est, à partir du détroit de Cadix jusqu’au Palus-Méotide, de 10.056.000 pas. Artémidore en ajoute 753.000 ; et, y compris le Palus-Méotide, il évalue ce circuit à 17.390.000. Telle est la mesure donnée par des hommes qui vont sans armes, et avec une audace pacifique, provoquer la fortune. Maintenant comparons la grandeur des diverses parties du monde, quelque difficulté qui naisse de la diversité des auteurs : on s’en fera la meilleure idée, si l’on ajoute la longueur à la largeur. D’après cette manière de compter, la grandeur de l’Europe est de 8.294.000 pas. L’Afrique (pour prendre la moyenne des évaluations données par les auteurs) a en longueur 3.794.000 pas ; la largeur dans la partie cultivée, n’excède jamais 250.000 pas ; mais comme Agrippa l’estime dans la Cyrénaïque à 910.000 pas, y comprenant les déserts jusqu’à ce qu’on connaissait du pays des Garamantes, la somme qui entre en ligne de compte est de 4.608.000 pas. La longueur de l’Asie est, de l’aveu commun, de 6.375.000 (V, 9) ; la largeur, qui doit s’en compter depuis la mer Ethiopienne jusqu’à Alexandrie, située près du Nil, de manière à passer par Méroé et Syène, est de 1.875.000. En résumé, l’Europe est plus grande que l’Asie, d’un peu moins de la moitié de l’Asie, et plus grande que l’Afrique d’une fois l’Afrique et un sixième. En réunissant toutes ces sommes, on verra que l’Europe est un peu plus du tiers et un huitième de la terre entière, que l’Asie en est le quart et un quatorzième et l’Afrique le cinquième et un soixantième.

XXXIX. Nous ajouterons encore une théorie d’invention grecque, et excessivement ingénieuse, afin que rien ne manquer dans la contemplation de la géographie, et que l’indication des régions fasse voir les liens qui les rattachent, c’est-à-dire quels en sont les rapports pour la durée des jours et des nuits, et quelles sont celles qui ont des ombres égales et une même hauteur sous le pôle. Donnons donc ce détail, et rapportons la terre entière aux divisions du ciel. Ces segments du monde que les Latins ont appelés cercles, et les Grecs parallèles, sont nombreux.