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Népos, elle est à peu près à l’opposite de Carthage à 1.000 pas du continent, et n’a pas plus de 2.00 pas de tour. On parle encore d’une île Atlantis, en face de l’Atlas, et tirant d’Atlas son nom comme la montagne. A cinq jours de navigation de cette île sont des solitudes jusqu’aux Ethiopiens Hespériens, et au promontoire que nous avons appelé Corne occidentale, point où le front de la terre ferme commence à s’infléchir vers le couchant et vers la mer Atlantique. On cite encore en face de ce promontoire les îles Gorgades, jadis le séjour des Gorgones, à deux jours de navigation du continent, ainsi que le rapporte Xénophon de Lampsaque. Hannon, général des Carthaginois, y a pénétré, et il a rapporté que les femmes avaient le corps velu, que les hommes s’échappèrent par la rapidité de leur course ; et il consacra dans le temple de Junon, en témoignage de son expédition et comme curiosité, les peaux de deux Gorgones, qu’on y a vues jusqu’à la prise de Carthage. Plus loin encore que les îles Gorgades, sont, dit-on, deux îles des Hespérides. Au reste, tout cela est tellement incertain, que Statius Sebosus a évalué la distance entre les îles des Gorgones et les îles des Hespérides à quarante journées de navigation le long de l’Atlas, et à une journée de navigation la distance entre les Hespérides et la Corne occidentale. Les renseignements sur les îles de la Mauritanie ne sont pas plus certains. On sait seulement qu’il y en a quelques-unes en face des Autololes (V, 1, 9), découvertes par Juba, qui y avait établi des fabriques de pourpre de Gétulie (IX, 60).

XXXVII. (XXXII.) Des auteurs rapportent qu’au delà sont les îles Fortunées et quelques autres. Le même Sebosus est allé jusqu’à en donner le nombre et les distances, disant que Junonia est à 750.000 pas de Cadix ; que Pluvialia et Capraria sont à cette même distance de Junonia, vers l’occident ; que dans Pluvialia il n’y a pas d’autre eau que l’eau de pluie ; qu’à 250.000 pas sont les îles Fortunées, à la gauche de la Mauritanie, sur la ligne de trois heures de l’après-midi (sud-ouest) ; qu’une île est appelée Convallis à cause de ses concavités, et une autre Planaria à cause de son apparence ; que le tour de Convallis est de 350.000 pas, et que les arbres s’y élèvent à la hauteur de 114 pieds.

Voici le résultat des recherches de Juba sur les îles Fortunées : il les place aussi au midi auprès du couchant, à 625.000 pas des îles Purpuraires (VI, 36, 4) ; de sorte qu’on navigue pendant 250.000 pas au-dessus du couchant, puis on va à l’est pendant 375.000 pas. La première, nommée Ombrios, ne porte aucune trace d’édifices : elle a en ses montagnes un étang, des arbres semblables à la férule (XIII, 42). On extrait une eau amère de ceux qui sont noirs, une eau agréable à boire de ceux qui sont blancs. Une autre île s’appelle Junonia ; on n’y voit qu’un petit temple bâti en pierre ; dans le voisinage est une île de même nom, plus petite ; puis vient Capraria, remplie de grands lézards. En vue de ces îles est Nivaria, qui a pris ce nom de ses neiges perpétuelles, et qui est couverte de brouillards. La plus voisine de Nivaria est Canaria, appelée ainsi des chiens d’une grandeur énorme qui y abondent ; on en amena deux au roi Juba : on y aperçoit des vestiges d’édifices. Toutes ces îles ont en abondance des arbres fruitiers et des oiseaux de toute