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l’ordre équestre, et préfet de l’Égypte. Cet officier emporta les seules villes qu’il trouva, dans l’ordre suivant : Pselcis, Primis, Aboccis, Phthuris, Cambusis, Attevas, Stadisis, où le Nil, se précipitant, enlève par son fracas l’ouïe aux habitants ; il saccagea aussi Napata ; le terme de son expédition fut à 970.000 pas de Syène. Ce ne sont cependant pas les armes romaines qui ont dépeuplé ce pays : l’Éthiopie a été écrasée par les guerres des Égyptiens, dans des alternatives de conquête et de servitude ; elle avait été célèbre et puissante jusqu’à la guerre de Troie, sous le règne de Memnon (X, 37 ; XXXVII, 63) ; elle étendit même son empire jusqu’à la Syrie et aux côtes de notre mer (Méditerranée), du temps du roi Céphée ; cela se voit par la fable d’Andromède (V, 34).

Semblablement les dimensions en ont été diversement indiquées, d’abord par Dalion, qui se rendit bien au delà de Méroé, puis par Aristocréon, par Bion, par Basilis, et par Simonide le Jeune, qui même séjourna cinq ans à Méroé lorsqu’il écrivait sur l’Éthiopie. Timosthène, commandant des flottes de Philadelphe, a écrit, sans évaluer autrement la distance, que de Syène à Méroé il y avait 60 jours de marche ; Eratosthène, 625.000 pas ; Artémidore, 600.000 ; Sebosus, de l’extrémité de l’Égypte, 1.675.000, distance qui, suivant les auteurs qui viennent d’être nommés, est de 1.250.000. Mais toute discussion à ce sujet vient d’être terminée : les explorateurs envoyés par Néron ont rapporté que de Syène à Méroé il y avait 873.000 pas, ainsi supputés : de Syène à Hiera Sycaminos, 54.000 ; puis à Tama, 72.000 ; à la région des Evonymites, la première des Éthiopiens, 120.000 ; jusqu’à Acina, 54.000 ; jusqu’à Pitara, 25.000 ; jusqu’à Tergedum, 106.000 ; l’île Gagaudes est au milieu de ces parages. A partir de là, l’expédition vit des perroquets ; à partir d’une autre île, nommée Artigula, le sphingie (sorte de singe) (VIII, 30) ; à partir de Tergedum, des cynocéphales (VIII, 80) : de là à Napata, 80.000 pas ; cette petite ville est la seule qui subsiste parmi celles qui ont été citées (VI, 35, 4) ; de Napata à l’île de Méroé, 360.000. Autour de Méroé les herbes commencèrent à devenir plus vertes, et l’on aperçut quelque peu de forêt, et des traces de rhinocéros et d’éléphants. D’après ce rapport, la ville de Méroé est à 70.000 pas de l’entrée de l’île (Méroé) ; à côté est une autre île, dite de Tadu, qu’on rencontre en entrant par le bras droit du Nil, et qui fait un port ; la ville a peu d’édifices ; le pays est gouverné par une femme, la reine Candace, nom qui, depuis grand nombre d’années, passe de reine en reine. Hammon a ici aussi un temple révéré, et l’on trouve des chapelles dans toute la contrée ; au reste, au temps de la puissance des Éthiopiens, cette île jouissait d’un grand renom (V, 10). On rapporte qu’elle fournissait d’ordinaire 250.000 hommes armés, et qu’elle nourrissait 400.000 artisans. On dit qu’aujourd’hui encore les Ethiopiens sont partagés entre quarante cinq rois. (XXX.) Le pays entier a été appelé Æthérie, puis Atlantie, puis Éthiopie, d’Éthiops fils de Vulcain.

Il n’est pas étonnant que des formes monstrueuses d’hommes et d’animaux se produisent vers l’extrémité de l’Éthiopie ; car le feu, élément mobile, est l’artisan de la configuration du corps et de la ciselure des formes. Toujours est-il qu’on dit qu’au fond de sa partie orientale sont des peuples sans nez, dont toute la face est plane ; d’au-