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distinction de côte : la plupart ont dit que la largeur en était de 475.000 pas ; et ils ont porté la largeur du détroit qui regarde l’orient d’hiver, les uns à 6.000 pas, les autres à 7.000, d’autres à 12.000.

Voici la configuration des lieux : après le golfe Ælanitique est un autre golfe que les Arabes nomment Æant, où est la ville d’Héroum. Il y est aussi, entre les Nèles et les Marchades, la ville de Cambyse, où ce prince établit les malades de son armée. Puis viennent la nation des Tyres, le port Danéon. Le projet de conduire de là un canal navigable jusqu’au Nil, à l’endroit où il descend dans le Delta nommé plus haut (V, 9), dans l’intervalle de 62.000 pas qui sépare le fleuve de la mer Rouge ; ce projet, dis-je, a été conçu d’abord par Sésostris, roi d’Égypte, puis par Darius, roi de Perse ; enfin par le second Ptolémée (av. JC. 285-246), qui fit creuser un canal de 100 pieds de large, de 40 pieds de profondeur, de 37.500 pas de long, jusqu’aux Sources amères : il ne le continua pas plus loin, par la crainte de l’inondation, car on découvrit que le niveau de la mer Rouge est de trois coudées au-dessus du sol de l’Égypte ; d’autres n’attribuent pas à une crainte l’interruption du travail, mais ils disent que l’on eut peur que l’introduction de l’eau de mer ne gâtât l’eau du Nil, qui seule sert à la boisson. Néanmoins, tout ce trajet depuis la mer d’Égypte se fait par terre ; il y a trois itinéraires : l’un part de Péluse, et traverse les sables, où l’on ne peut retrouver son chemin qu’à l’aide de roseaux fixés en terre, à cause que les vents effacent la trace des pas. Un second commence à 2.000 pas au delà du mont Casius (VI, l2), et rejoint au bout de 60.000 la route de Péluse. Les Arabes Autéens habitent sur ce trajet. Le troisième part de Gerrhum qu’on appelle Sans-Soif, traverse le pays des mêmes Arabes, et est plus court de 60.000 pas ; mais il franchit d’âpres montagnes, et est pauvre en eau. Toutes ces routes aboutissent à Arsinoé, fondée dans le golfe de Charandra, sous le nom de sa sœur, par Ptolémée Philadelphe, qui, le premier, explora la Troglodytique, et qui appela Ptolémée un fleuve passant à Arsinoé. Puis est la petite ville d’Ænnus, nom au lieu duquel d’autres écrivent Philotera ; au delà, les Azaréens, Arabes sauvages sortis des mariages avec les Troglodytes ; les îles de Sapirène et de Scytala ; puis des déserts jusqu’à Myoshormos, où est la source Tadnos ; le mont Æas ; l’île Iambe ; plusieurs ports ; Bérénice, appelée ainsi du nom de la mère de Philadelphe, à laquelle, avons-nous dit (VI, 26, 8), on arrive de Coptos ; les Arabes Autéens, les Gébadéens.

XXXIV. La Troglodytique, que les anciens ont nommée Michoé, d’autres Midoé ; le mont Pentedactylos ; les îles Stenæ deiræ (Cols étroits) en assez grand nombre, les îles Halonnèses en nombre non moins grand ; Cardamine ; Topazos, qui a donné son nom à la pierre précieuse (XXXVII, 32) ; un golfe rempli d’îles : celles qu’on appelle îles de Maréos ont de l’eau, celles qu’on appelle îles d’Eraton n’en ont pas, les rois d’Égypte y eurent des gouverneurs. Dans l’intérieur, les Candéens, qu’on appelle Ophiophages, accoutumés à se nourrir de serpents ; il n’y a pas de pays qui en produise davantage.

Juba, qui paraît avoir mis beaucoup d’exactitude dans la description de ces parages, y a omis, à moins que ce ne soit une faute des copistes, une autre Bérénice, surnommée Panchrysos (Tout--