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Arabes limitrophes, que Juba dit à tort avoir été satrape d’Antiochus, la restaura, éleva des digues et lui donna son nom, après avoir exhaussé le terrain dans un espace de 3.000 pas de long sur une largeur un peu moindre. Elle fut d’abord à 10 stades (kil. 1, 84) de la côte, et elle y eut même un port ; du temps où écrivait Juba elle en était à 50.000 pas ; maintenant les ambassadeurs des Arabes et nos négociants qui y sont allés affirment qu’elle en est à 120.000. En aucune partie du monde les alluvions des fleuves n’ont été plus considérables et n’ont marché plus vite ; il est étonnant que le flux qui s’avance beaucoup au delà de cette ville ne les ait pas entraînées. C’est là qu’est né Denys, l’auteur le plus récent d’une description de la terre ; le dieu Auguste l’envoya en Orient recueillir tous les renseignements, pendant que son fils aîné se préparait à aller en Arménie pour régler les affaires des Parthes et des Arabes. Je n’ignore pas et n’ai pas oublié que j’ai dit, au début de cet ouvrage (III, 1), que l’auteur le plus exact était celui qui écrivait sur son propre pays : cependant pour cette partie j’aime mieux suivre les expéditions romaines et le roi Juba, qui a adressé à ce fils d’Auguste, C. César, un livre sur cette même expédition d’Arabie.

XXXII. (XXVIII.) L’Arabie, qui ne le cède à aucune autre contrée, d’une étendue immense, commence, comme nous l’avons dit (V, 20 et 21), au mont Amanus, à la Cilicie et à la Commagène ; plusieurs nations arabes ont été amenées dans ces contrées par le grand Tigrane ; d’autres sont venues spontanément sur notre mer (Méditerranée) et la côte de l’Égypte, ainsi que nous l’avons dit (V, 12) ; et même les Nubéens pénètrent dans le milieu de la Syrie jusqu’au mont Liban. Aux Nubéens touchent les Ramiséens, à ceux-ci les Taranéens, puis les Patamiens. Quant à la péninsule Arabique elle-même, elle s’étend entre deux mers, la mer Rouge et le golfe Persique. La nature semble avoir voulu l’entourer de la mer, de manière à lui donner la forme et la grandeur de l’Italie, dont elle a d’ailleurs exactement l’orientation. Une situation analogue lui procure une fertilité analogue. Nous avons énuméré les nations arabes depuis notre mer (Méditerranée) jusqu’aux déserts de Palmyre (V, 12 et 21) ; énumérons maintenant les autres. Au delà des Nomades et de ceux qui pillent la Chaldée, sont, comme nous l’avons dit, les Scénites (VI, 30, 8), nomades eux-mêmes, et ainsi nommés de leurs tentes de poil de chèvre (σκήνη, tente), qu’ils plantent où il leur plaît. Puis les Nabatéens ont la ville de Pétra, située dans un vallon d’un peu moins de 2.000 pas, entourée de montagnes inaccessibles, et traversée par une rivière ; elle est à 600.000 pas de Gaza sur notre mer (Méditerranée), à 135.000 de golfe Persique. Là aboutissent deux routes, celle qui mène de la Syrie à Palmyre, et celle qui vient de Gaza. A partir de Pétra, le pays a été habité par les Omanes jusqu’à Charax : il y avait là autrefois des villes célèbres, fondées par Sémiramis, Abésamis et Soractia ; ce sont maintenant des solitudes. Puis est une ville qui obéit au roi des Characéniens, sur le bord du Pasitigris, nommée Forath, qui est un rendez-vous quand on vient de Pétra. De Forath on remonte par eau à Charax, distance de 12.000 pas, avec l’aide de la marée. Quand on vient par eau de chez les Parthes, on trouve le bourg de Térédon au-dessous du confluent de l’Euphrate et du Tigre ; la rive gauche du fleuve est occupée par les Chal-