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dépendants et sauvages. Au-dessus d’eux se développent les Parthusiens, les Mardes, les Saïtes, et les Hyens, qui s’étendent au-dessus de l’Elymaïs, que nous avons dit être contiguë à la Perse sur la côte (VI, 28, 4), Suse est à 250.000 pas du golfe Persique ; la flotte d’Alexandre y remonta (VI, 26) par le Pasitigris, en passant par un bourg appelé Aphlé, et situé sur le lac de Chaldée ; de ce bourg à Suse il y a une navigation de 65.500 pas. A l’est encore de la Susiane sont les Cosséens ; au-dessus des Cosséens, au nord, la Mésabatène, au pied du mont Cambalidus, qui est un embranchement du Caucase ; là est le passage le plus facile pour aller en Bactriane.

La Susiane est séparée de l’Elymaïs par le fleuve Eulaeüs ; il naît dans la Médie, et passe sous terre dans un espace peu étendu ; sorti de là et traversant la Mésabatène, il entoure la citadelle de Suse et le temple de Diane, le plus révéré de ces nations. Le fleuve lui-même est l’objet de cérémonies pompeuses ; les rois ne boivent pas d’autre eau, et on en transporte pour eux dans leurs voyages (XXXI, 21) : il reçoit la rivière Hedypnus, outre l’Asylus qui vient de la Perse, et l’Adunas qui vient de la Susiane ; la ville de Magoa est sur ses bords, à 15.000 pas de Charax ; quelques-uns la reculent à l’extrémité de la Susiane, dans le voisinage du désert.

Au-dessous de l’Eulaeüs est l’Elymaïs, contiguë à la Perse sur la côte, étendue depuis le fleuve Oroates jusqu’à Charax dans un espace de 240.000 pas. Les villes en sont Séleucie et Sosirate, placées auprès du mont Casyrus. Le littoral, qui a l’apparence des petites Syrtes, est, comme nous l’avons dit (VI, 29, 4), inaccessible et fangeux, les fleuves Brixias et Ortacéas y déposant beaucoup de limon : l’Elymaïs elle-même est tellement marécageuse, qu’on ne peut pénétrer en Perse qu’en la tournant ; elle est infestée aussi de serpents que les fleuves y amènent. La partie la plus impénénétrable s’appelle Characène de nom de la ville de Charax, qui est la limite des royaumes d’Arabie, et dont nous parlerons après avoir exposé d’abord le sentiment de M. Agrippa : cet auteur dit que la Médie, la Parthie et la Perse, bornées à l’orient par l’Indus, à l’occident par le Tigre, au nord par le Taurus et le Caucase, au midi par la mer Rouge (golfe Persique), ont en longueur 1.320.000 pas, et en largeur 840.000 ; qu’en outre la Mésopotamie, enfermée au levant par le Tigre, au couchant par l’Euphrate, au nord par le Taurus, au midi par le golfe Persique, a 800.000 pas de long et 360.000 de large.

Charax, ville située sur la partie la plus intérieure du golfe Persique, et à laquelle commence l’Arabie surnommée Heureuse, est placée sur une colline faite de main d’homme, entre le confluent du Tigre à droite, de l’Eulaeüs à gauche, dans un espace de 3.000 pas d’étendue. Elle fut fondée d’abord par Alexandre le Grand ; il y établit des colons de la ville royale de Durine, qui alors cessa d’exister ; il y laissa ceux de ses soldats qui ne pouvaient plus servir, et ordonna qu’on l’appelât Alexandrie. Il avait même fondé un bourg appelé Pella, du nom de son lieu natal, et qu’il avait destiné exclusivement aux Macédoniens. Les fleuves emportèrent cette ville ; puis Antiochos, le cinquième roi [de Syrie], la rétablit, et l’appela de son nom. Ravagée de nouveau par les eaux, Pasinès, fils de Sogdonacus, roi des