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même, c'est que les corps jetés d'un côté reparaissent de l'autre. Puis il traverse un autre lac qu'on appelle Thospites ; il se plonge de nouveau dans des souterrains, et après un espace de 25.000 pas il revient à la surface auprès de Nymphaeum. D'après l'empereur Claude, son lit est si voisin de celui de l'Arsanias (V, 20), dans le pays d'Arrhène, que lorsqu'ils sont gros ils se réunissent sans se mêler ; l'eau de l'Arsanias, plus légère, surnage celle du Tigre pendant environ 4.000 pas ; puis l'Arsanias s'éloigne, et se jette dans l'Euphrate. Le Tigre, de son côté, venant d'Arménie, et recevant des rivières célèbres, le Parthénias et le Nicéphorion, sert de limite aux Arabes Aroéens (VI, 9) et à l'Adiabène, et, formant la Mésopotamie, comme nous l'avons dit, coule au pied des montagnes des Gordyéens (VI, 17) ; auprès d'Apamée, ville de la Mésène, à 125.000 pas au-dessus de Séleucie Babylonienne, il se divise en deux bras, dont l'un gagne le midi et Séleucie, arrosant la Mésène, et dont l'autre, tournant au nord, coupe les campagnes des Cauches, sur les derrières de la Mésène. Quand ces bras se sont réunis, il prend le nom de Pasitigris, puis il reçoit de la Médie le Choaspes (XXXI, 21), et, coulant, comme nous l'avons dit (VI, 30, n° 5 et n° 6), entre Séleucie et Ctésiphon, il s'épanche dans les lacs de la Chaldée, qu'il remplit dans une étendue de 70.000 pas : alors formant un vaste canal, laissant à droite la ville de Charax, il se jette dans le golfe Persique par une embouchure de 10.000 pas. Entre les embouchures du Tigre et de l'Euphrate, toutes deux navigables, l'intervalle fut jadis de 25.000 pas, ou, suivant d'autres, de 7.000 ; mais il y a longtemps que les Orchéniens et les peuples voisins ont barré l'Euphrate pour l'irrigation de leurs champs, et ses eaux n'arrivent à la mer que par le Pasitigris.

Le pays sur le bord du Tigre s'appelle Parapotamie ; il renferme la Mésène, dont il a déjà été parlé, ville de la Parapotamie, Dibitach. Puis vient la Chalonitis : où est la ville de Ctésiphon (VI, 30, 6), et qui est célèbre non-seulement par ses palmiers, mais aussi par ses oliviers, ses arbres fruitiers, et d'autres végétaux. Le mont Zagros arrive jusque là ; il vient de l'Arménie entre les Mèdes et les Adiabènes, au-dessus de la Parætacène et de la Perse. La Chalonitis est éloignée de la Perse de 380.000 pas. Quelques auteurs disent que par le chemin le plus court l'Assyrie est à la même distante de la mer Caspienne.

Entre ces nations et la Mésène est la Sittacène, appelée aussi Arbelitis et Palestine. Villes de la Sittacène, Sittace, de fondation grecque, à l'orient, et Sabata ; à l'occident, Antioche entre deux fleuves, le Tigre et le Tornadotus ; de plus, Apamée, à laquelle Antiochus (av. JC. 282-262) a donné le nom de sa mère (Apame). Le Tigre la contourne, l'Archoüs la traverse.

Au-dessous est la Susiane, où est Suse, l'ancienne capitale des Perses : cette ville, fondée par Darius, fils d'Hystaspe, est à 450.000 pas de Séleucie Babylonienne, à la même distance d'Ecbatane des Mèdes par le mont Charbanus. Sur le bras septentrional du Tigre est la ville de Babytace, à 135.000 pas de Suse : les habitants, seuls de tous les mortels, ont l'or en horreur ; ils le ramassent et l'enfouissent, pour qu'il ne serve à personne. A l'orient de la Susiane sont les brigands Oxiens et quarante peuples Myzéens, qui sont in-