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Pourtant Séleucie est surnommée Babylonienne : libre aujourd'hui et indépendante, elle conserve les usages macédoniens ; on dit qu'elle a dans ses murs 600.000 personnes ; ses murailles ont la forme d'un aigle aux ailes étendues ; son territoire est le plus fertile de tout l'Orient. Pour la dépeupler à son tour, les Parthes ont fondé à trois milles, dans la Chalonitide, Ctésiphon, maintenant la capitale de leurs royaumes ; puis, cela ne réussissant pas, Vologèse a fondé récemment dans le voisinage une autre ville, Vologesocerta. Il y a encore dans la Mésopotamie la ville d'Hipparenum, célèbre, comme Babylone, par une secte chaldéenne, et située sur le fleuve Narraga, qui lui a donné son nom. Les Perses ont détruit les murs des Hipparéniens. Les Orchéniens, troisième secte des Chaldéens, sont aussi placés dans la même contrée, du côté du midi ; puis viennent les Notites, les Orthophantes, et les Graeciochantes.

Néarque et Onésicrite rapportent que le trajet du golfe Persique à Babylone par l'Euphrate est de 412.000 pas ; mais les auteurs postérieurs disent que la distance de Séleucie au même golfe est de 440.000 pas ; Juba évalue la distance de Babylone à Charax (VI, 31, 12) à 175.000 pas. Quelques-uns disent que l'Euphrate continue de couler à plein lit au-dessous de Babylone pendant 87.000 pas, avant d'être divisé pour les irrigations, et que son cours en totalité est de 1.100.000 pas. Les variations dans les mesures tiennent à la diversité des auteurs qui ont été suivis, les Perses attribuant tantôt une valeur et tantôt une autre aux schènes (V, 11, 4) et aux parasanges. Quand le fleuve cesse de faire aux habitants un rempart de son lit, ce qui a lieu sur les limites du territoire de Charax, aussitôt la contrée est infestée par des brigands, les Attales, nation arabe, au delà desquels sont les Scénites (VI, 32). Tout le long de l'Euphrate sont les Nomades Arabes jusqu'aux déserts de l'Assyrie, où nous avons dit (V, 20 et 21) qu'il s'infléchissait vers le midi, abandonnant les solitudes palmyréennes. Séleucie est, par l'Euphrate, à 1.125.000 pas du commencement de la Mésopotamie ; par le Tigre, à 320.000 de la mer Rouge (golfe Persique) ; à 527.000 de Zeugma. Zeugma est a 175.000 pas (V, 13) de Séleucie de Syrie, sur la côte de notre mer (Méditerranée). Telle est la largeur du continent entre les deux mers ; la largeur de l'empire des Parthes est de 944.000 pas.

XXXI. Il y a encore une ville en Mésopotamie, sur le bord du Tigre, auprès des confluents ; on l'appelle Digba. (XXVII.) Mais il convient de parler du Tigre lui-même. Il naît dans un district de la grande Arménie, par une source remarquable, en plaine ; le nom de cette localité est Elégosine. Tant qu'il coule avec lenteur, il s'appelle Diglito ; on ne commence à l'appeler Tigre que quand son cours s'accélère : c'est le nom que les Mèdes donnent à la flèche. Il se jette dans le lac Aréthuse, sur lequel surnagent toutes les substances, et qui exhale des vapeurs nitreuses : ce lac ne renferme qu'une espèce de poissons, lesquels n'entrent jamais dans le lit du fleuve qui passe ; de même les poissons du Tigre n'entrent point dans ce lac ; au reste, le mouvement et la couleur de ses eaux l'y font distinguer. Sorti de là, il rencontre le mont Taurus, et s'engouffre dans une caverne ; après un trajet souterrain, il ressort de l'autre côté de la montagne. Le lieu de sa sortie s'appelle Zoroanda ; ce qui prouve que c'est le