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Au delà est le cap de la Carmanie, duquel il y a une distance de 50.000 pas jusqu’à la nation arabe des Maces, sur la côte opposée ; trois îles, dont Oracla, à 25.000 pas du continent, a de l’eau et est seule habitée ; quatre îles qui sont déjà dans le golfe et en face de la Perse : dans ces parages, des hydres marines, de 20 coudées, effrayèrent la flotte par leur approche ; l’île d’Acrotadus ; les Gaurates, qui comprennent la nation des Chianiens ; le fleuve Hyperis, au milieu du golfe Persique, et qui porte des bâtiments de charge ; le fleuve Sitiogagus, par lequel on arrive à Pasargade (VI, 29) en sept jours ; l’Hératémis, fleuve navigable ; une île sans nom ; le fleuve Granis, portant des bâtiments d’une dimension médiocre, et traversant la Susiane ; à la droite de ce fleuve, les Deximontans, qui fabriquent du bitume : le fleuve Zarotis, dont l’embouchure est difficile, si ce n’est à ceux qui en ont la pratique ; deux petites îles ; puis des hauts-fonds semblables à un marais, à travers lesquels on navigue cependant à l’aide de certains canaux ; l’embouchure de l’Euphrate ; le lac que l’Eulée et le Tigre forment auprès de Charax ; puis Suse, à laquelle on remonte par le Tigre. La flotte y trouva Alexandre célébrant une fête ; il y avait sept mois qu’il s’en était séparé à Patalé (VI, 23, 11). et il y en avait trois que la flotte tenait la mer. Telle fut la navigation de la flotte d’Alexandre. Plus tard on a pensé qu’on pouvait, de Syagrus (VI, 32), promontoire d’Arabie, gagner en toute certitude Patalé avec le vent du couchant d’été qu’on appelle là Hippalus ; on évaluait la distance à 1.332.000 pas.

L’âge suivant indiqua une voie plus courte et plus sûre : c’était d’aller du même promontoire à Zigerus, port de l’Inde. Longtemps on a navigué ainsi, jusqu’à ce qu’un négociant eût trouvé une voie abrégée, et que l’amour du gain eût rapproché l’Inde. Aujourd’hui on y fait un voyage tous les ans ; à bord des bâtiments on met des cohortes d’archers, pour écarter les pirates qui infestent ces mers. Il ne sera pas hors de propos d’exposer toute la navigation depuis l’Égypte ; ce n’est que de nos jours qu’on en a une connaissance certaine. La chose en vaut la peine. Il n’y a pas d’année où l’Inde n’enlève à l’empire romain moins de 50.000.000 de sesterces (105.000,00 fr.) ; elle nous expédie en retour des marchandises qui se vendent chez nous au centuple. A 2.000 pas d’Alexandrie est la ville de Juliopolis ; de là on navigue sur le Nil jusqu’à Coptos, à 303.000 pas ; ce trajet est parcouru en douze jours avec les vents étésiens. De Coptos on va sur des chameaux ; les stations sont disposées d’après les endroits où l’on trouve de l’eau : la première s’appelle Hydreum, à 32.000 pas ; la seconde est dans une montagne, à une journée de marche ; la troisième, à un autre Hydreuma, à 95.000 pas de Coptos ; puis dans une montagne ; puis à Hydreum d’Apollon, à 184.000 pas de Coptos ; derechef dans une montagne ; puis au nouvel Hydreum, à 233.000 pas de Coptos ; à une distance de 4.000 pas du nouvel Hydreum est l’ancien Hydreum, dit Troglodytique, où un détachement tient garnison, et qui peut recevoir 2.000 personnes. De là on arrive à la ville de Bérénice, qui a un port sur la mer Rouge, à 258.000 pas de Coptos : mais comme on fait la plus grande partie de la