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nes adoucies, il reçoit l’hospitalité dans un certain lac ; ensuite il coule avec tranquillité, large de 8.000 pas dans sa moindre largeur, de 100 stades (kil. 8, 4) dans sa largeur moyenne, d’une profondeur qui n’est jamais de moins de 20 pas. (XIX.) La dernière nation qu’il traverse est celle des Gangarides Calingiens : leur capitale se nomme Parthalis. Le roi a 60.000 fantassins, 1.000 cavaliers et 700 éléphants, tout prêts à entrer en campagne.

Chez les Indiens civilisés la population est divisée en plusieurs classes : les uns cultivent la terre, les autres sont militaires ; d’autres font le commerce ; les meilleurs et les plus riches administrent la chose publique, rendent la justice, et sont les conseillers des rois. Ceux de la cinquième classe, adonnés à une sagesse célèbre en ces pays et presque tournée en religion, finissent toujours leur vie par une mort volontaire sur un bûcher. Il faut ajouter une dernière classe à demi-sauvage, assujettie à un labeur infini, d’où dépend tout le reste, savoir, chargée de chasser et de dompter les éléphants. Avec ces animaux on laboure, sur eux on voyage ; on ne connaît guère d’autre bétail : avec eux on fait la guerre et on défend la frontière. On les choisit pour le combat, d’après les forces, l’âge, et la taille.

Dans le Gange est une île très-grande, renfermant une seule nation, nommée les Modogalingiens. Au delà sont situés les Modubes, les Molindes, les Ubères, avec une magnifique ville du même nom ; les Galmodroèses, les Prètes, les Calisses, les Sasures, les Passales, les Colubes, les Orxules, les Abales, les Taluctes ; le roi des Taluctes a 50.000 fantassins, 4.000 cavaliers, et 400 éléphants. Puis vient une nation plus puissante, les Andares, possédant grand nombre de bourgs, 30 villes fortifiées de murs et de tours ; elle fournit à son roi 100.000 fantassins, 2.000 cavaliers, 1.000 éléphants. Le pays des Dardes est le plus abondant en or ; celui des Sètes, en argent.

Des Indiens non seulement de ces parages, mais encore de l’Inde presque entière, les plus puissants et les plus illustres sont les Prasiens, qui possèdent la ville, très grande et très opulente de Palibothra (Pana), d’où quelques-uns donnent le nom de Palibothriens à la nation même, et de Palibothrie à toute la contrée entre le Gange et l’Indus. Leur roi a toujours à sa solde 600.000 fantassins, 30.000 cavaliers, et 9.000 éléphants ; d’où l’on conclut que ses richesses sont énormes. Après ceux-ci, dans l’intérieur, les Monèdes, et les Suares, chez qui est le mont Malée. Dans cette montagne l’ombre tombe au nord en hiver, au midi en été, pendant six mois ; la grande Ourse n’y est visible qu’une fois dans l’année, et seulement pendant 15 jours, d’après Baeton. Mégasthène dit que cela arrive en plusieurs lieux de l’Inde. Les Indiens appellent Dramasa le pôle austral. La rivière Jomanes tombe dans le Gange à travers le pays des Palibothriens, entre les villes Méthora et Clisobora. Dans les régions au midi du Gange, les hommes sont hâlés par le soleil ; ils ont déjà une teinte basanée, sans être encore brûlés comme les Ethiopiens. Plus ils s’approchent de l’Indus, plus ils portent la marque de l’action colorante de l’astre. Immédiatement après la nation des Prasiens, dans les montagnes desquels sont, dit-on, les Pygmées, on trouve l’Indus. Artémidore estime à 2.100.000 pas l’intervalle qui sépare ces deux fleuves.

XXIII. (XX) L’Indus, appelé Sindus par les