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hommes ; ils attendent que le commerce vienne les trouver. Le premier de leurs fleuves connus est le Psitaras, le second le Cambari, et le troisième Lanos ; au delà le promontoire Chryse, le golfe Cyrnaba, le fleuve Atianos, le golfe et la nation des Attacores, préservée, par des coteaux bien exposés, de tout souffle nuisible, et vivant dans la même température que les Hyperboréens. Amométus a écrit sur eux un volume spécial, comme Hécatée sur les Hyperboréens. Après les Attacores viennent les Phruriens, les Tochares, les Casires qui appartiennent déjà à l’Inde, et qui, tournés dans l’intérieur du côté des Scythes, mangent de la chair humaine. Là errent aussi des nomades de l’Inde. Des auteurs ont dit que, dans la direction de l’Aquilon, ces peuples touchent aux Ciconiens et aux Brysans.

XXI. Venons à des nations sur lesquelles on est d’accord : la chaire d’Emodus (Himalaya) s’élève, et la nation des Indiens commence, placée sur le littoral non seulement de la mer Orientale, mais aussi de la mer Méridionale, que nous avons appelée Indienne (VI, 14). La partie qui regarde l’orient, et qui s’étend en ligne droite jusqu’à un coude, commencement de la mer de l’Inde, compte 1.835.000 pas : à partir du coude, en allant au midi, 2.675.000 pas, d’après Ératosthène, jusqu’au fleuve Indus, qui est à l’occident la limite de l’Inde. Plusieurs auteurs en ont estimé la longueur totale à quarante jours et quarante nuits de navigation, et l’étendue du nord au midi à 2.850.000 pas. Agrippa en a évalué la longueur à 3.300.000 pas, la largeur à 2.300.000. Posidonius l’a mesurée dans la direction du levant d’été au levant d’hiver, la plaçant à l’opposite de la Gaule, qu’il a mesurée du couchant d’été au couchant d’hiver, et mise tout entière au Favonius (vent du couchant d’été) ; et il a enseigné d’une manière indubitable que l’Inde, à l’opposite, est favorisée et assainie par le souffle de ce vent. Autre est l’apparence de ce ciel, autres les levers des astres ; deux étés dans l’année, deux moissons, avec un hiver intermédiaire pendant lequel soufflent le vents étésiens ; au temps qui est notre hiver, des brises légères, la mer navigable. Les nations et les villes seraient innombrables, si on voulait toutes les énumérer. En effet, non seulement l’Inde a été ouverte par les armes d’Alexandre le Grand et des rois qui lui succédèrent, une circumnavigation dans la mer Hyrcanienne et la mer Caspienne ayant été exécutée par Séleucus et Antiochus, et leur amiral Patrocle ; mais encore elle a été le sujet des récits d’autres écrivains grecs, qui, ayant demeuré dans les cours Indiennes (Mégasthène et Dionysius envoyé par Philadelphe à cet effet), ont exposé de plus les forces de ces peuples. Toutefois, il n’y a aucun moyen d’être exact ; toutes les narrations sont divergentes et incroyables. Les compagnons d’Alexandre le Grand ont écrit que dans cette portion de l’Inde qu’ils avaient subjuguée on ne comptait pas moins de cinq mille villes, dont aucune n’était plus petite que Cos (V, 36), et neuf peuples ; que l’Inde était le tiers de toute la terre, et la population innombrable, ce qui est probable, car les Indiens sont peut-être les seuls qui n’aient jamais fait des émigrations hors de leur territoire. On compte, depuis Bacchus jusqu’à Alexandre le Grand, 154 rois, et 6.451 ans et 3 mois. Les fleuves ont une grandeur merveilleuse. On rapporte qu’Alexandre n’a jamais fait moins de 600